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Le goût de la tourbe

Publié le par Eric Bertrand

Je m’adresse non plus aux buveurs de whisky mais à ceux qui ont peut-être vécu l’expérience de la grande solitude dans les Highland d’Écosse, ceux qui ont ressenti l’appel du « Wild », jusqu’au fond des crocs et du pelage…

C’est une petite route en terre ou vaguement goudronnée.

Des cailloux sur les collines, des cairns et des standings stones érigent des silhouettes rudes et d’un autre âge. Sur les bordures, des pierres grises et des croft houses glacées tracent dans le ciel les lignes tragiques des Highland clearances.

La mer est leur miroir et le vent en tourbillon creuse et nuance les teintes du blanc, du noir et du gris. Dans les champs, derrière les murets figés, les tas de tourbe composent des pyramides dont les hiéroglyphes se lisent dans le ciel et les fumées fugitives. Ils arrivent de la cheminée, du dessus d’un toit de ferme égarée quelque part au fond de la lande et, dans un coin d’écharpe et d’ambre, ils parlent des brumes, des laines et des modes qui se perdent.

Le goût est sucré, volatile. Il passe dans la bourrasque à la façon d’une note de musique ou d’une caresse fraiche. Il laisse une couche de miel ou de fudge dans le cœur, une impression ouatée, presque humide qui met les sens au contact du sol profond.

Il libère cette part des anges qui transporte l’âme vers des temps très anciens.

Le goût de la tourbe
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