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Sylvain Tesson : « Sur les chemins noirs ». « En lisant, en écrivant »… (Dosette de lecture n°46)

Publié le par Eric Bertrand

Peut-on échapper à une société qui aliène l’individu ? Peut-on parvenir à « couper le fil » et la connexion ? Pour l’écrivain voyageur Sylvain Tesson, toute aventure des mots suppose un pari radical. Blessé grièvement suite à un accident et prisonnier de sa chambre d’hôpital, va-t-il parvenir à arracher les tuyaux, les cathéters et à inoculer à son organisme autre chose que des traitements visant à réveiller l’automate ? En préférant le brancard volant des « chemins noirs » au lit de convalescence, cet autre « vagabond des étoiles » (dont on reparlera la prochaine fois) se défait de sa camisole et se libère de ce qu’il appelle « un dispositif qui dispose de nous ».

Murets, sentiers, minéraux, insectes, oiseaux, ces oubliés, ces marginaux, remplacent médecins et infirmières : ils sont ses nouveaux compagnons de misère et cheminent avec lui du sud au nord du pays. Bien davantage, ils l’aident à mettre à nu les faiblesses du monde moderne. Face à la campagne grignotée par l’avancée de la technologie et du « Progrès », face à la prolifération des ZAD, des ZAC (« zones d’aménagement concerté ») quelle réflexion peut lui inspirer par exemple ce curieux insecte, « le pompile », « qui pond son œuf dans une mygale vivante que la larve dévorera de l’intérieur en grandissant. » ? La réponse est lapidaire : « Le triple dispositif de l’économie glorieuse, de l’agriculture industrielle et de l’urbanisme triomphant avait été le pompile des campagnes »

Sylvain Tesson : « Sur les chemins noirs ». « En lisant, en écrivant »… (Dosette de lecture n°46)
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