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Dosette de lecture n°103 : Émile Zola : La Curée : Silencieuse poupée de son

Publié le par Eric Bertrand

Comment une femme devient-elle la marionnette d’un homme de pouvoir ? Lorsque, sous le Second Empire, Zola assimile les spéculateurs de tout poil aux chiens de la curée, affamés d’or et de profit, il met en scène la délicate Renée qui devient, à l’issue d’une première manœuvre douteuse, l’épouse d’Aristide Rougon. Ce provincial fraichement débarqué de Plassans est prêt à tous les tripotages pour s’enrichir et jouir d’un Paris en pleine refonte.

Le rêve d’une « pluie de pièces d’or sur la ville » de cet oncle Picsou qui se fait très vite appeler « Saccard » ne tarde pas à se réaliser. Dans l’euphorie de la réussite, Saccard fait de l’ostentation. Il parade dans son splendide hôtel particulier, circule dans une voiture à armoiries et exhibe sa femme en la parant des plus belles robes et des plus beaux bijoux.

Sous ce corps désiré et désirable, farci par les fantasmes d’une société décadente, Renée n’est plus rien qu’une nymphe Écho de Carnaval, condamnée à laisser résonner en elle les cris d’une figure frustrée par la meute des Narcisse. À l’issue du bal masqué de la Mi-Carême, elle en prend cruellement conscience devant son miroir. « Mais elle ne voyait que ses cuisses roses, ses hanches roses, cette étrange femme de soie rose qu’elle avait devant elle et dont la peau de fine étoffe, aux mailles serrées, semblait faite pour des amours de pantins et de poupées. Elle en était arrivée à cela, à être une grande poupée dont la poitrine déchirée ne laissait échapper qu’un filet de son ».

 

Dosette de lecture n°103 : Émile Zola : La Curée : Silencieuse poupée de son
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