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De Selkirk aux Robinson (Robinson 5/6)

Publié le par Eric Bertrand


 

         Un petit rappel pour le lecteur. Defoe a construit son roman à partir de l’aventure réelle vécue par un marin écossais nommé Alexander Selkirk. Mais son œuvre est un roman et l’écrivain y a mêlé de nombreux apports personnels. D’abord, la durée : 28 ans au lieu de quatre, le lieu, les îles Caraïbes et non le sud de la Terre du Feu, l’époque : l’histoire de Crusoé est située cent ans plus tôt.

           En dehors de ces considérations qui touchent à la réalité du roman, il faut ajouter tout ce qui a trait à la personnalité de Defoe et à la période pendant laquelle il a écrit son livre. A la différence de Michel Tournier qui invitera Robinson à s’interroger sur son être profond et sur son rapport à l’Autre, Defoe se sert de son personnage pour évaluer le système économique dont il est le représentant et, en quelque sorte, le délégué.

            L’activisme qui lui assure la prospérité ne va pas sans interrogation religieuse : Robinson est un grand lecteur de la Bible et il ne cesse de revenir au texte sacré pour juger des événements et penser Dieu. C’est là une démarche de nature protestante assez révélatrice de la disposition d’esprit des missionnaires de l’époque de Defoe. D’ailleurs, l’une des premières tâches auxquelles s’emploie Robinson, c’est bien d’amener le sauvage à la conversion par une lecture réfléchie de la Bible.


Rencontre explosive avec l'Americana... Gigi sort de ses gonds !
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F
Belle analyse, monsieur Eric, de ce Robinson Crusoë ! Et tu laissesz bien voir toutes les interrogations qui en découlent :la source d'inspiration, le contexte, la ligne directrice et les questions relatives aux interprétations qui ne donnent qu'un point de vue alors que l'oeuvre originelle couvre le prisme total des significations!Et cela me donne de plus l'envie de lire  cette version dans son intégralité !
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J
D'après ce que je comprends du contenu de ce livre, Robinson réfléchit sur la présence de Dieu mais ne remets pas en cause l'organisation "capitalistique" de la société, puisque, loin de cet état de fait, il reproduit le modèle qu'il connait bien et le rend prospère, même au fin fond du monde, auprès des êtres sauvages les plus improbables ! En ce sens, je pense que la version de Tournier, que j'ai lue, me plait bien davantage !
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