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Bottines à Charleville (exercice à partir du poème « Roman » d’Arthur Rimbaud)

Publié le par Eric Bertrand

Charleville (9) [1600x1200]

 

 

 

 

Il était arrivé un soir dans la ville bien enrégimentée de Charleville, la ville de Rimbaud dont il n’avait jamais entendu parler. Comme il se lavait les mains dans la petite chambre qu’il avait louée non loin de la place Ducale, il entendit résonner la musique claire et disciplinée du beffroi. Il sortit sur la place et trouva que les filles étaient belles mais curieusement attifées en ce dimanche d’été. Des « habits puant la foire » pensa-t-il en filant le pas de l’une d’elles, presque machinalement. Le son de ses « petites bottines » faisait curieusement sauter le pavé et prolongeait bizarrement, presque lascivement, la mélodie du beffroi.

                La demoiselle était jeune, alerte, minaudant parce qu’elle se savait suivie. Elle arriva sur le bord de la Meuse, juste en face de la maison natale de Rimbaud. Depuis quelque temps, grâce à un « projet innovant » de la ville qui cherche à « récupérer intelligemment l’image du « passant considérable », une rangée de chaises métalliques composent une œuvre d’art un peu baroque. Sur chacune de ces chaises il put parcourir des vers qu’il ne connaissait pas. « Je me suis baigné dans le poème de la mer ». « C’est un trou de verdure où chante une rivière ». « Elle est retrouvée. Quoi ? L’éternité »… L’air absent lui donna une contenance de bon aloi. La jeune fille s’était arrêtée.

                Déjà son cœur palpitait. Endroit rêvé pour une approche ? Il avait l’habitude d’interpeler les filles et cette perspective ne l’affolait pas. Mais elle regardait en direction du pont. Quelqu’un arrivait. Elle lui fit signe aussitôt, tout en se « retournant alerte » vers le goujat qui avait osé la suivre jusque là.

                L’homme qui arrivait était grand, solide. Il portait un faux-col qui lui donnait un air effrayant. Sitôt qu’il l’eut rejointe, ils disparurent le long du quai. Il n’entendit plus que le trot de ses petites bottines lentement décomposé. Le beffroi sonna place Ducale. Il s’en retourna.

Charleville (18) [1600x1200]

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B
<br /> J'avoue, le rouge au front que j'ai dû chercher "Roman" pour mieux comprendre ton texte . J'ai constaté que c'est dans ce poème que ce sont les fameux vers "On n'est pas sérieux quand on a 17<br /> ans", un poème qui parle d'amours adolescentes , de fin d'été, et de l'odeur des tilleuls...Merci de nous les donner à découvrir ou redécouvrir<br />
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J
<br /> est-ce un exercice de réécriture que tu (v)as proposer à tes élèves ? je reconnais le poème et la desciption de la ville dans laquelle nous sommes allés prendre l'air rimbaldien !<br />
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