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« Germinie Lacerteux » ou assommoir à tous les étages

Publié le par Eric Bertrand

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           Le roman des frères Goncourt superpose deux destinées pitoyables : celle de la maîtresse (Mme de Varandeuil) et celle de la bonne (Germinie). Mme de Varandeuil n’a pas eu de chance. Obligée de se dévouer à son père malade pendant dix ans, grand cœur qui continue de se sacrifier aux enfants des « amis », elle vieillit et « n’a plus que le souffle ». Sa bonne, la bien nommée « Germinie », fait aussi bien qu’elle ! Il semble que les frères Goncourt s’acharnent à livrer une guerre impitoyable à toute romance ! Depuis Flaubert, il faut tourner le dos à toute littérature romantique et accumuler les déconvenues pour assommer le personnage.

          Cette pauvre Germinie n’a vraiment pas de chance. Elle se dévoue à la vieille femme. Elle tombe amoureuse d’un jeune homme qu’elle couve mais se le fait « confisquer » par une « grande bringue ». Elle souffre l’amour impossible, s’avilit, entretient le gigolo qui se moque d’elle avec ses maigres économies. Elle lui paie ses caprices. L’enfant qu’ils ont eu tous les deux est mort bien trop vite pour qu’elle ait eu le temps de goûter les joies de la maternité pour laquelle elle se sentait faite. Le désespoir entraine l’aggravation de la bassesse, l’humiliation de l’emprunt, la tentation du vol à la maîtresse, la honte de soi... D’autant qu’elle voue à cette dernière un dévouement aveugle pour lequel elle refuse la proposition de mariage que lui fait un de ses galants. Elle préfère abandonner sa nature un brin nymphomane aux premiers venus...

          Et ainsi, de ruines en ruines, de saletés en saletés, Germinie traîne sa misère et finit par souffrir d’une pleurésie qui l’abat au fond d’un hôpital. Elle est enterrée dans la fosse commune et, comble de ses malheurs, aucune croix ne l’identifie. C’est alors que remonte « toute la crasse », et la maîtresse, stupéfaite, découvre la vie cachée de son exemplaire servante qui laisse derrière elle un paquet de dettes.

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A
<br /> Encore un livre que je ne connais pas !<br />
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E
<br /> <br /> Les Goncourt ont surtout légué leur nom au fameux prix mais leurs oeuvres ne sont plus guère lues !<br /> <br /> <br /> <br />
J
<br /> la misère humaine, et pas seulement celle de la condition des "petites gens"... "Pot Bouille" en est un exemple flagrant ! la bourgoisie se décompose à grand pas et Zola n'épargne personne<br /> !  volà des livres qui font sourire tant le trait est appuyé mais qui, en même temps, créent de la compassion pour certains personnages !<br />
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