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« L’Homme qui rit » : la grimace qui rend chaos (2/9)

Publié le par Eric Bertrand

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Un décor sauvage, une tempête de neige, une falaise de Grande-Bretagne, la nuit, un vent violent et l’océan qui hurle. C’est le décor d’apocalypse du début de cette œuvre écrite par Victor Hugo du haut de son exil à Guernesey. Sur la mer déchainée, le lecteur découvre un frêle esquif dans lequel les comprachicos, vont mourir. Les comprachicos sont une tribu de « misérables » qui, au XVIII° siècle en Angleterre, exploitaient les enfants abandonnés pour en faire des monstres de foire.

             Gwynplaine est l’un de ces monstres. Il a dix ans, et les comprachicos viennent à peine de l’abandonner au pied d’une haute falaise, avant de tenter de fuir le pays... Ainsi, le roman commence-t-il vraiment dans une sorte de chaos. La nature est en proie à la folie, comme à l’origine du monde,  et le visionnaire Hugo y met en scène l’une de ses grandes thématiques qui pose dans ses œuvres la question de l’éternel affrontement romantique des forces du Mal contre les forces du Bien. Dans l’indécision de cette tempête, deux figures émergent : d’un côté, un enfant rescapé, porteur d’espoir et de lumière, de l’autre, les spectres coupables que l’Océan va châtier. Devant l’imminence du naufrage, il ne reste plus aux damnés que tomber à genoux et implorer le pardon. Au milieu de la foudre et de l’écume, ils livrent à la mer, en guise de confession, un message dans une bouteille, message qui révèlera l’origine véritable de l’enfant martyrisé...

             Luttant contre les éléments, ce dernier se hisse en haut de la falaise et, alors qu’il cherche désespérément autour de lui un soutien quelconque, il découvre des empreintes de pas encore marquées dans la neige... Ce sont les empreintes d’une femme dont il ne tarde pas à retrouver le corps gelé par le froid. Sur le sein de cette femme, tétant désespérant les dernières gouttes de lait, une petite fille s’agite encore. Aussitôt conscient de la responsabilité qu’il prend, l’enfant serre contre lui le bébé et continue son cheminement jusqu’à un hameau où il demande en vain de l’aide. Dans « les Misérables », il n’y avait eu que Monseigneur Myriel pour ouvrir au « misérable » Jean Valjean. Dans « l’Homme qui rit », c’est finalement Ursus, un philosophe saltimbanque qui vit avec un loup qui accepte « les deux vagabonds ». C’est lui qui accueille le couple naufragé de la tempête et qui les garde auprès de lui pour les élever.

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A
<br /> OK pour la grimace qui t'as rendu KO! On veut être KO-chaos nous aussi...<br /> <br /> <br /> Je ne connais pas le livre et je suis étonnée de voir le "viel Hugo" comme tu disais dans un article précédent aux commandes d'un tel univers, unirique et cauchemardesque à la fois!<br /> <br /> <br /> J'ai toujours aimé l'image de la bouteille à la mer...<br />
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E
<br /> <br /> En effet, et c'est là tout le charme de cet Hugo là, celui qui a fasciné Rimbaud, le Hugo visionnaire...<br /> <br /> <br /> <br />