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René Frégni : correspondance avec les élèves

Publié le par Bertrand

Un petit détour comme annoncé par René Frégni.

Je suis en effet en train de boucler avec mes quatre classes le projet conçu cet été lors de ma visite à René. Mon idée était au départ de faire étudier l’auteur dans chacune des classes et de profiter de la qualité de nos relations afin de proposer un échange plus approfondi entre les élèves et un auteur contemporain… Le couronnement étant de recevoir René Frégni dans les classes…

Restait  à choisir des œuvres qui puissent à la fois intéresser les jeunes et rentrer dans le cadre des programmes officiels…En première, « le biographique » : œuvre choisie, « Elle danse dans le noir » : déchirant hommage que l’auteur rend à sa mère qui vient de s’éteindre : on est en 1995 et il reprend la plume… et il se souvient de la douleur éprouvée… Et peu à peu la voix de la mère vient lui parler au creux de l’oreille et lui redonne le goût de vivre…

Les élèves ont plébiscité ce livre. Ils ont été réellement émus par ce témoignage qui évoque la cuisante douleur de la séparation et qui montre en même temps l’égarement d’un homme simple et tendre, écorché vif… Lorsqu’il évoque le supplice des derniers mois de la maladie de sa mère, le fils éploré continue de vivre, reste l’admirable père de la petite Marilou et le généreux animateur de l’atelier d’écriture en prison. Cet auteur donne une voix à ceux qui souffrent et c’est, au vu des commentaires d’élèves, ce qui les a touchés. Certains sont allés jusqu’à avouer, sous le couvert de l’anonymat, que ce livre leur avait permis de se rendre compte de la fragilité de la vie et de la nécessité qu’il y avait à aimer ses proches.

En seconde, « le roman ou la nouvelle »… Pas de difficulté donc à choisir l’un de ces courts romans qui mettent en scène la vie de tous les jours et les faits divers les plus noirs. Frégni est souvent étiqueté comme auteur de romans noirs… J’ai donc opté pour « On ne s’endort jamais seul » roman d’un enlèvement qui met en scène une petite fille que son père, simple facteur promu au statut de justicier, tente de retrouver dans les rues de Marseille, au prix d’une effroyable descente dans le maelstrom de la ville de Marseille. Triomphe du sondage d’opinion ! Les élèves de seconde ont été sensibles une fois de plus à la relation de la petite à son père : le roman porte en exergue la phrase de Nietzsche « tout ce qui s’accomplit avec amour s’accomplit toujours par delà le Bien et le Mal ». Ils ont aimé le réalisme aussi et la précipitation de l’action… Dans leurs courriers, pliés en quatre comme des ailes de papillons, souvent, ils n’hésitent pas à avouer à Frégni que c’est la première fois qu’ils lisent un livre sans se forcer du début à la fin.

 

 

 

A l’autre bout de la chaîne, à Manosque, René répond fidèlement à ceux qu’il appelle ses « nouveaux amis ». Trois lettres nous sont déjà parvenues spécialement adressées aux 1ères ES, puis aux 1ères STGC. Il les remercie, leur parle du trouble de sa fille Marilou qui a 14 ans et qui découvre les voix de jeunes lycéens et lycéennes alors qu’elle finit ses années de collège. Il évoque les détenus qu’il a fait écrire et pour lesquels j’ai demandé aux élèves de rédiger une petite lettre d’encouragement. Il leur assure qu’il a fait parvenir ces mots… Enfin, il leur promet de tout faire pour venir et pour « mettre des visages sous ces mots »…

 

 

 

Il est sincère et je crois que la spontanéité de mes élèves aura été pour beaucoup si, par exceptionnel, il venait à passer par notre centre Bretagne écarté des voies de la culture. Mais n’est-ce pas dans ce genre de défi qu’on parvient à sortir de l’ornière où l’on a trop vite fait de nous enfoncer ? Marseille n’a plus de secret pour nous, René, et nous t’avons suivi dans les vagues de cette Provence que chantait si bien ta mère, Marie de Moustier Sainte Marie… 

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René chez lui, à Manosque
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