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faune sauvage

Publié le par Bertrand

              Revenons à des thèmes plus joyeux attachés à l’Ecosse, et toujours en rapport avec ce séjour de mes amis lyonnais puisque c’est le fil directeur ces jours-ci. Des thèmes qui, on l’a vu, sont étroitement liés à la genèse du Ceilidh. Je reviens sur l’un des aspects que j’ai déjà signalés dans les articles précédents : la faune sauvage. J’ai notamment évoqué à propos du voyage vers la côte ouest les baleines et les orques qui passent le long des côtes dés le début de l’été (une crique à proximité de Wick s’appelle « Whaligoe », « la crique de la baleine » : « goe » est un suffixe d’origine nordique qui veut dire « le bout » et qu’on trouve partout dans les noms de lieux du secteur, Staxigoe, Papigoe, Shelligoe, Girnigoe… Les vikings ont colonisé ce coin de l’Ecosse (en même temps que les Orcades et Shetland plus au nord) , ce qui a marqué non seulement la toponymie mais aussi certains usages, coutumes, et jusqu’à la physionomie des habitants. Je cite à ce propos la première page du Ceilidh, version narrative :
 
« Dans les eaux du Pentland Firth, au seuil des Iles Orcades, se dresse depuis des siècles The Old Man of Hoy, pointe de falaise évincée du reste de la côte, poignard de roche rouge aiguisé d’eau de mer. Et de l’autre côté du Pentland Firth, s’étend la région sauvage du Caithness, à l’extrémité nord est de l’Ecosse. Terre battue par les vents, verte et mauve sous le soleil, quand les nuages s’absentent. Dans des temps anciens, les vikings ont fait de cette terre étrange leur hangar à blé. »
                        Voilà pour les baleines… Que le touriste en quête de clichés se rassure, il trouvera aussi dans cette région le fameux « Highland Beef », la vache à longs poils, espèce d’auroch sympathique et paisible qui porte dans le pelage la marque des rigueurs des Highlands ! Mais il y a aussi les troupeaux de biches et de cerfs dans la lande, l’aigle royal (« golden eagle »), les colonies de phoques, (je consacrerai un article aux phoques), les oiseaux, macareux, huitriers pies, guillemots et autres variétés d’oiseaux de mer…
              La partie « récit »  du Ceilidh insiste davantage que la pièce sur cet aspect (c’est d’ailleurs, on s’en souvient, l’une des raisons qui m’on amené à rédiger un récit à la suite de la pièce) : cependant, comme j’ai cherché à donner à la narration une densité en écho à la pièce, les descriptions sont très « économiques » et comportent davantage une fonction dramatique qu’une fonction pittoresque. Par exemple, dans le passage précédemment cité, on peut noter : poignard de roche rouge aiguisé d’eau de mer qui, bien évidemment, renvoie au couteau de Lady Macbeth, à celui de Rebecca, à celui de Lou… Dés le début, le drame est inscrit dans la narration et pèse comme une épée de Damoclès. On peut le mettre en rapport avec cet échange entre Rebecca et Ronald, dans l’une des scènes les plus intenses de la pièce (celle où Rebecca veut se jeter au bas de la falaise et où Ronald lui confie son odieux projet : il semble à nouveau que le paysage inscrive la violence dans le sang des personnages ):
 
« Ronald : (D’un geste vif, il parvient à la désarmer) Baisse ce couteau, je t’ai dit ! Maintenant, tu m’écoutes !...Quand tu es comme ça, tu me terrifies ! Avec toi, je ne sais jamais si tu es en train de jouer ou si tu dis la vérité !
Rebecca : (Dans un élan désespéré) Mais ouvre les yeux, Ronald, ouvre les yeux ! Cet endroit saigne la vérité brute ! La lande est mauve, le vent souffle dans les bruyères, la falaise est abrupte, l’océan gronde et le désespoir est partout autour de nous ! »
 
              Finissons sur une touche un peu plus sereine :
« Nuits de juin. A cette latitude, il ne fait jamais noir. Dés cinq heures, la clarté du matin tombe du ciel et éclaire la mer d’une lueur laiteuse. Les oiseaux jouent dans la vague et le temps est tranquille. La haute silhouette de Girnigoe and Sinclair Castles domine la falaise. Ackergill Tower équilibre l’horizon. »
Ce qui peut correspondre dans la pièce à la scène 1, plus sentimentale entre Max et Heather :
« Heather : Viens, Max, cours plus vite ! (Ils courent, arrivent à l’essoufflement) Ça y est, on y est ! C’est toi que j’aime Max ! Définitivement, c’est toi ! Attends, je te bande les yeux ! (Elle lui bande les yeux) Je vais enfin pouvoir te montrer mes deux châteaux et la petite plage de Girnigoe. Quel plaisir de revoir le pays ! Quand je suis revenue là avec Ronald, ce n’était pas si bien et ça n’a duré que quelques heures! C’est le ciel des Highlands, c’est la lande du Caithness et les odeurs de tourbe qui voltigent dans l’air ! Je suis chez moi, Max ! »
 
              Que l’espace des Highlands vous donne le souffle nécessaire ! Je vais respirer l’air iodé de la côte nord de la Bretagne et vous donne rendez vous samedi et dimanche pour la révélation en avant-première du contenu des ballets de Jenny et de leur intégration au spectacle. Elle vient d’y mettre un terme…
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