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Le vélo au centre des Nouvelles pour l’été (2/2)

Publié le par Eric Bertrand

Avant de passer à la rubrique du jour, je signale du nouveau sur le site que Jenny vient de remettre à jour avec notamment les photos des comédiens qui incarnent les personnages du Ponton… Bonne visite au http://www.atelier-expression-artistique.com
La dernière nouvelle de ces récits est consacrée à mon grand-père, l’Italien à la mandoline que j’ai déjà mentionné. Elle est intitulée « Aimer la vie. Le dernier été » et elle rend hommage à cet amoureux de l’été qu’était aussi ce grand sportif frappé cruellement dans ses dernières années par la maladie.
              Voilà pourquoi le thème du vélo est très présent dans la nouvelle et le recueil. Il faut y lire une métaphore du cycle de la vie ! Témoins ces deux extraits qui se font écho au début et à la fin de la nouvelle, qui opposent les autres étés et le dernier été…
 
Extrait 1 : …Quand tu enfourches ton vélo, tu es un autre homme. La mécanique de tes jambes est lancée.
Plus rien ne t’arrête. L’horizon est grand ouvert et tu fonces tête baissée.
Dans ta chambre, il y a cette image de Fausto Coppi, découpée dans « Miroir du Tour ». Les épaules bien écartées, la tête dans le guidon, les fesses levées vers l’arrière comme deux grandes ailes maladroites, l’ombre du Campionnissimo plane sur ta course.
Dans les côtes, tu peines, tu es lourd. Ta référence, c’est Bartali, plus tard, Francesco Moser. Mais dès que la route descend, tu deviens terrible. Tu calcules ta trajectoire, tu coupes les virages, tu relances aussitôt.
Sous la pluie, tu es redoutable.
 
Quand tu reviens, tu hurles comme une bête sauvage. Le cri du guerrier.
Tu remets le précieux engin à sa place, tu montes une à une les marches des escaliers, tu revis le film de ton « étape » et personne ne t’écoute(…) »
 
Extrait 2 : « (…) Tu rejoins ta cave plusieurs fois par jour.
La bicyclette avec les sacoches est remisée dans un coin, derrière des piles de catalogues.
L’autre trône au milieu de la pièce noire, toujours briquée, toujours huilée. Tu lui as ménagé un autel !
Assis sur un petit tabouret, tu la regardes osciller, tu l’inspectes sous toutes les coutures, tu fais tinter la sonnette en cognant avec l’ongle de l’index. Elle t’écoute respirer.
 
Tu te lèves. Tu retires le chiffon qui protège le pédalier et tu laisses lentement tourner les pédales. Tu joues avec le dérailleur, tu changes de braquet, tu actionnes les cocotes de frein. Ca revient doucement, ça remonte du fond de toi et la pièce s’emplit d’une odeur familière.
 
Tes yeux sont apaisés. Sur le fond de mur gris, tu assistes au spectacle.
 
La roue tourne. La roue majestueuse tourne comme la grande roue de la foire de Metz, ou les aiguilles sur le cadran de l’horloge de Tambre d’Alpago !
La roue tourne, les rayons luisent, les pignons glissent et la graisse chante.
Tu caresses la surface du pneu, la gomme creuse sur tes mains des routes sinueuses, des courbes dans le matin clair, des virages et des faux plats sous la pluie, des côtes et des panneaux de pourcentage dans la brume en plein midi, des descentes vertigineuses vers le soir éclatant.
 

La roue s’est arrêtée. Tu éteins la lumière. Tu te hisses en haut de l’escalier(…) »

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Ricordo di bicicletta...
 
 
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