Deuxième étape du “mot” du metteur en scène pour vous accompagner dans cette expérience unique de la représentation. Je reviens aujourd’hui sur cette
relation particulière que le
comédien et sa troupe entretiennent avec le public. Relation si particulière qu’elle fait de l’instant de la représentation
une expérience unique.
Le grand metteur en scène Peter Brook analyse les choses en ces termes : il dit que le
public “assiste” à la représentation aux deux sens du terme : “assiste” parce qu’il voit, mais aussi “assiste” parce qu’il aide... L’idée d’aide me paraît très juste dans la
mesure où en effet, le public est ce dernier intervenant dans la collaboration à la mise en scène d’un texte...
Dans un passage du Tennessee club, j’avais mis dans la bouche d’un personnage,
Thelma, femme blessée et exaltée, une conception de la scène qui résume aussi ma conception de la relation au public : je la relis avec vous en cette occasion :
« (…) Thelma : Je m’avancerai devant le public, comme ça… (Elle suspend son jeu, se met à rêver, s’approche de l’avant-scène…) Il
est là, il ouvre la bouche, il s’attend à tout. Je me donne le luxe de quelques secondes de silence. Le temps est suspendu, les yeux sont grands ouverts, quelques sourires attendris sur les
lèvres bienveillantes, un chuchotement ou deux à des oreilles attentives, les coudes qui se frôlent, la toux masquée d’un spectateur, un regard collectif… Je m’avance vers l’avant-scène…
« Se décidera-t-elle enfin à parler ou à dire quelque chose ?…» La musique s’élève, une musique troublante, la chorégraphie imaginée par Miranda et Sissy, je trouve ma place dans le
ballet, les claquettes se mettent à résonner sur le parquet, la porte du « Ziegfeld Follies » vient de s’entrouvrir… »
Vision exaltée d’un public qui « se donne » dans les premiers instants mais qu’il s’agit ensuite de captiver… Tout est là, car cet instant de grâce peut ne pas
durer !...

Sono belle le cose...