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roi arthur

Quel chevalier chez Arthur ?

Publié le par Eric Bertrand

On le voit à la lecture de ces récits, le lecteur, plus ou moins édifié, se trouve confronté à une aristocratie de personnages. Ces chevaliers sont-ils pour autant tous construits sur le même moule ? Ce serait ennuyeux et pauvre littérairement ! Même s’ils n’ont rien à voir avec les guerriers de l’époque d’Arthur, ces hommes sont différents les uns des autres. Tel chevalier est gouverné par son tempérament. Ainsi, le sénéchal Keu ne peut retenir sa langue acerbe. Arthur est confronté à travers lui à la réalité de la querelle, de la violence et, d’une certaine façon de l’humanité : en cela, sa parole dérangeante agit comme un déclencheur de la prouesse et de la courtoisie. Piqué au vif, tel autre chevalier aura à cœur de sublimer ce tempérament par la force de l’esprit. Gauvain, incarne cette valeur. Il dispose d’une véritable autorité morale et s’impose naturellement, comme un bon conseiller, par son charisme et sa lucidité.

Tel autre, qu’il s’appelle Tristan ou Lancelot, est mu par la force de son coeur. Le chevalier courtois pratique la religion de l’amour : sublimation de soi, recherche quasi maniaque du raffinement, exercice de la contemplation et de la méditation, tels sont les élans du cœur qui guident le personnage au fil de ses aventures. Cet enthousiasme de l’amour mène à un but ultime, celui de plaire à la dame et de lui rendre service. Pas besoin de retour charnel (en cela le cas de Tristan et Iseut est particulier).

Tel autre enfin, et cet aspect est essentiel et correspond au dernier développement de la figure du chevalier, n’obéit qu’à son Dieu et à la charité chrétienne qu’il lui impose. Le chevalier ne vit que pour rendre service et venir en aide à la détresse d’autrui. Yvain et Perceval accomplissent dans les romans dont ils sont les héros un véritable itinéraire qui les mène, par le dépassement d’eux-mêmes, à la découverte d’une essence de nature religieuse : c’est le cas avec le personnage de Galaad qui se lance, après Perceval dans la quête du Graal).

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Cour d’Arthur et amour courtois

Publié le par Eric Bertrand

La figure d’Arthur s’impose ainsi dans un territoire où il règne à sa manière après avoir acquis sa légitimité notamment grâce à ses exploits mais aussi à son sens de la société qu’il veut raffinée. Avant ses chevaliers légendairement dévoués aux « dames », Arthur, le grand guerrier, l’ours mal léché, le tueur de monstres a déjà libéré le Mont St Michel dans le but de libérer une malheureuse... Il montre ainsi la voie... Il est essentiel dans cette cour d’Aliénor d’Aquitaine, de montrer du respect envers les femmes. Cette option renvoie à une conception fondamentale des relations entre hommes et femmes dans la civilisation celtique. Ainsi, la souveraine Guenièvre (à l’origine, une fée) se montre très influente auprès de son mari. Convaincue par la nouvelle religion chrétienne, elle s’efforce par tous les moyens de pousser Arthur à renoncer à son attachement à la religion païenne (en cela, elle se dresse contre les autres femmes influentes du roman arthurien, celles qu’on pourrait qualifier après Marion Zimmer Bradley de « dames du lac »). Guenièvre agit de la sorte non par caprice mais par conviction personnelle car elle veut à tout prix garantir l’ordre et la stabilité de la souveraineté.

D’une radieuse beauté, elle inspire un amour dévoué et total à Lancelot, cet amour qui fonde les bases de l’amour courtois. La courtoisie... Autre forme de la distinction prônée à la cour d’Arthur. La littérature du XII° définit ainsi cette nouvelle forme des relations entre hommes et femmes. On parle aussi de « la fin’amor » telle que la définissent dans leurs chansons et leurs ballades les trouvères et troubadours. Beaucoup de poètes se souviendront de la leçon par la suite pour rendre hommage aux « cheveux d’or », au « beau tétin », ou aux « yeux révolver » de leur dame... Un seul regard peut susciter cette relation idéale. L’amour entraine Lancelot à partir des seuls mots de Guenièvre : « beau doux ami ». Pour elle, il est prêt désormais à s’humilier, à monter dans « la charrette » d’infamie, pourvu qu’il lui plaise. Les liens fondés reproduisent au niveau d’amant et d’amante ce qui existe déjà dans la société de l’époque dans les rapports de vassalité.

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Roi Arthur et littérature

Publié le par Eric Bertrand

En 1136, un clerc attaché aux Plantagenêt, Geoffroy deMonmouth fournit un récit épique dans lequel il construit le Roi Arthur sur le modèle d’Alexandre le Grand tout en introduisant et par la même occasion, réhabilite les Celtes et leur mythologie. Il met en scène un peuple d’irréductibles (irréductibles Gaulois avant l’heure !), peuple cantonné dans ses montagnes de Galles et unifié par un roi charismatique tueur de monstres, un être exceptionnel, qui vainc les tribus ennemies. En 1155 : Wace, poète anglo-normand, ajoute dans son « Roman de Brut », une version française qu’il traduit en anglais. Ainsi, ces récits connaissent une plus large diffusion et agissent-ils à la façon d’une propagande car le Roi Henri II de Plantagenêt vient d’épouser la brillante Aliénor d’Aquitaine, se voit rattaché à une lignée prestigieuse. Par ailleurs, la découverte à Glastonbury de la tombe d’Arthur et Guenièvre met le pouvoir à l’abri d’un quelconque retour d’un usurpateur capable de lever rapidement des opposants.

Les éléments ajoutés par Chrétien de Troyes ne font qu’ajouter du prestige au souverain : toute une microsociété balzacienne se met à vivre dans ses récits. Chrétien insiste sur la valeur des chevaliers d’Arthur qui partent à la découverte du monde et vont répandre une image glorieuse de la cour d’Arthur. A travers les aventures de ces chevaliers, le romancier se propose d’éveiller la curiosité et d’initier l’esprit aux mystères du monde. La chrétienté étant aussi la grande affaire de la période, il n’est pas étonnant que les versions suivantes et notamment celle de Robert de Boron aillent dans le sens d’une christianisation des motifs... (Par exemple, à la lecture, ce qui s’impose avant tout, c’est la valeur religieuse du Graal et la quête spirituelle – quasi monacale – entreprise par les chevaliers comme Gallad)

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Roi Arthur, origines ?

Publié le par Eric Bertrand

La figure du roi Arthur et, à travers lui, de ses chevaliers, est indissociable de l’environnement qui a favorisé l’émergence d’un mythe. Tout commence à l’aube des temps en Grande et petite Bretagne après le retrait des Romains en 410. La menace que constituent les Saxons, les Angles et les Pictes impose la présence d’un grand chef qui garantisse l’équilibre et la stabilité de la région. Cette figure est incarnée par le légendaire Arthur, personnage composite construit à la fois de réalité et de fiction qui serait le descendant mythique de Brutus de Troyes, petit fils d’Enée qui, à son retour de Grèce, occupe la Bretagne. Le nom d’Arthur vient du mot « arth » qui désigne « l’ours qui hiberne », destiné à revenir un jour ou l’autre, selon le principe de l’éternel retour, pour sauver sa terre.

Alors, qui est-il au juste ? Roi ours ou chef de guerre, païen ou chrétien, chasseur de sangliers ou héros captif d’Avalon ? S’il règne en Cornouailles, la littérature galloise et écossaise le présente comme une figure d’indépendance (un poème du druide Taliésin mentionne très tôt un héros qui ramène une épée et un chaudron magique de l’au-delà). Il est le fils d’Uterpendragon et d’Ygerne (épouse du duc de Cornouailles). Comme cette union est le résultat d’un sortilège réalisé par Merlin, l’éducation de l’enfant est confiée au vieux druide... Du reste, son « éducateur » est lui aussi vu à travers le prisme de diverses figures : bâtard, devin, prophète, homme sauvage, messie...

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