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Macbeth vu par Orson Welles

Publié le par Bertrand

        Liliane vient de nous prêter le DVD sorti récemment : DVD particulièrement bien venu cette année puisque dans cet opus, on peut bénéficier à la fois de la « version écossaise » de 1947, de la version américaine tournée plus tard et d’une série de bonus dont une « version vaudou » réalisée avec des Noirs dans un Haïti inattendu.
         La « version écossaise » est bien évidemment celle que nous privilégions. Accent roulé, avec quelques diphtongues bien écorchées. C’est du glaswigian (accent de Glasgow) pur. Car attention, il ne faut pas croire que le mythique accent écossais « à couper au couteau » s’entend dans toute l’Ecosse ! En réalité, il n’est vraiment marqué que chez les gens de Glasgow et j’ai souvent entendu dire que l’accent anglais le plus pur était celui d’Inverness, la capitale des Highlands et la ville de Macbeth (quand la pièce commence les didascalies signalent une lande aux environs d’Inverness). Je ne suis pas loin de le penser car, la première fois que je débarquais dans cette ville, quelle ne fut pas ma surprise (et déception). Mais les choses changent quand on remonte la lande vers le Caithness …
         Bref, en termes d’ambiance écossaise, le film de 1947 restitue particulièrement bien cette atmosphère primitive de la pièce. On est en plein paganisme, à l’aube des temps, dans un paysage de « grey granit grim and dour » comme dit la chanson. Les habitations sont des tanières, des blocs de pierre, le château de Macbeth est un récif, on y pénètre comme dans une caverne. Le noir et blanc accentue davantage encore ce sentiment oppressant de la sauvagerie de la nature humaine qui, métaphoriquement, épouse les rocs et les récifs. En même temps, le gris de l’image semble engluer les personnages dans une matière tragique qui exprime assez bien l’idée d’une fatalité, d’une « transcendance ».
         Le visage d’Orson Welles est tourmenté, l’oeil étincelant, une vraie comète qui roule dans son orbite et qui s’avance vers sa destinée. Au début de la pièce, les sorcières touillent dans leur récipient et en sortent de la glaise une tête en effigie. La tête de Macbeth couronnée. Elles le propulsent, le malheureux « nain qui se noie dans ses habits de géant ». Elles ont une voix démoniaque, et l’accent souligne le caractère inquiétant de leurs interventions. Un côté sardonique qui me conforte dans l’idée que j’ai bien fait dans le Ceilidh de faire de ces créatures surnaturelles d’obsessionnels bouffons. Elles incarnent ce rire étrange des dieux qui font des humains « leurs marionnettes ». Le thème de l’homme pantin des dieux est omniprésent dans les tragédies de Shakespeare et c’est bien dans Macbeth qu’on entend cette fameuse tirade : « Life is but a walking shadow ». L’homme est assimilé à un pauvre acteur qui s’agite et se pavane un moment sur la scène (du monde) et puis qu’on n’entend plus… » 
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Girnigoe from Noss Head
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