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Aurores boréales : merry dancers

Publié le par Bertrand

Ils sont venus de Lyon pour me rendre visite à l’occasion des vacances de Pâques. Ils sont cinq, deux garçons et trois filles. Il y a surtout Pascal, mon compagnon de voyages, celui avec lequel j’ai accompli le fameux tour des Etats-Unis en auto-stop l’été précédent… Je leur ai promis un séjour inoubliable à « Bételgeuse » et ils sont venus en car. Deux jours de trajet jusque dans les Highlands… (C’est Diana dans la pièce qui insiste sur la longueur du trajet entre Londres et Wick… Entre Lyon et Wick, elle n’aurait pas survécu !…)
 
« Diana : (S’allongeant à même le sol comme sur la banquette d’un wagon. Long soupir) Dans le Londres-Edimbourg, j’ai trompé l’ennui, huit heures d’affilée !... Et dans le Edimbourg-Inverness, cinq heures d’affilée, la banquette chavirait et me donnait la nausée…Et dans le Inverness-Wick, cinq heures d’affilée, la tête comme un cargo dans une marée noire… Bouh !... Je me suis réveillée dans le coaltar ou dans les nues !... »
 
              J’ai largement de quoi loger tout le monde dans la Glamis Road. Alors nous investissons les lieux pendant une semaine. Régime porridge et plats de pâtes. Ils préfèrent les pâtes ! Je les amène rencontrer les élèves à Thurso et à Wick, nous sommes invités chez Joan chez Rena, chez Georges (un vieux monsieur très digne que nous invitons un soir pour le remercier et à qui nous servons par mégarde le thé avec l’eau salée des pâtes !) … nous écoutons des disques (devinez quoi ?), nous parcourons le secteur, (demain notre nuit à Girnigoe…) Et puis nous louons une voiture pour aller sur la côte ouest… il fait pendant deux jours un soleil rayonnant, nous nous arrêtons partout, prenons mille photos, déboulons sur les plages de sable d’or dont le bleu étincelle, sautons dans l’eau glacée, regardons la mer où parfois passent des baleines (on nous a dit ça) et puis le soir, sur la plage de Durness (nord ouest de l’Ecosse), nous ramassons des pierres pour allumer un feu dans le sable.
              Vieilles branches, bouts d’arbres morts, broussailles, planchettes à clous pour accrocher nos saucisses à griller… Pique nique majestueux sur la plage glacée par le soir. Trop tard pour rentrer à Bételgeuse. On trouvera bien une solution pour dormir ! Le ciel est rose. La lumière décline. Pour nous réchauffer, après avoir englouti nos saucisses et nos shortbread (Pascal adore ça), nous jouons à sauter au-dessus du feu en poussant des cris de cro-magnons.
              Soudain, la lumière change à l’horizon. Un effet de phare qui balaie l’espace de la mer. Mais un phare en pinceau… un pinceau qui jouerait sur des gammes bleues, mauves et vertes. Silence absolu. La lumière tendre en impose à nos cris fauves. Nous avançons vers la mer, la lumière s’en va. Nous ne comprenons pas bien ce à quoi nous sommes en train d’assister. De longs frémissements dans le cou. « Ce serait comme ça une aurore boréale ? ».
              David, le mari de Rena est un scientifique, (sa cote est au plus haut dans le groupe, depuis qu’il a invité Pascal à jouer au golf avec lui et depuis qu’il nous a dit que, à l’époque où il pêchait sur les bords du Loch Ness, il a vu le monstre…) David nous expliquera ça avec froideur et précision à notre retour à Wick. En principe, à cette période de l’année, il n’y a plus d’aurore boréale. C’est plutôt en plein cœur de l’hiver que vous pouvez en voir. Mais comme il a fait très froid ces derniers jours… Et puis le ciel était très clair… vous avez peut être vu une petite « aurora borealis ». « Merry dancers » ajoute mystérieusement Rena. On les appelle les « merry dancers », parce que les lumières bougent dans le ciel comme de grands bouts de tissus multicolores.
              Il n’y a plus que la nuit et les phares ternis de la voiture sur la lande. Nous tremblons de froid et fatigue. Où passer la nuit ? Ce n’est pas trop le problème. Ça nous rappelle l’Amérique à Pascal et à moi. On a toujours trouvé une solution.
              Pour mon retour vers l’Ecosse, je vais relire le Rayon vert de Jules Verne.

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B
Toujours un personnage tres éloquant, j'ai lu un peu enfin dans les grande lignes biensures ton blog!!!! Toujours  cette même passion pour l'ecriture????? Apparement c'est quelque chose que tu m'as donné en héritage pendant cette année où tu as ete mon prof de français, ainsi que mon preof de théatre. Et je t'en remercie.<br /> Bisous à vous 2
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E
Tu avais du talent Barbara, et j'aimais bien le regard particulier que tu posais, du haut de ton personnage, le regard sur les autres lofters...