Cinq comédiens sur six ont pris en main
la présentation du spectacle dans les classes. Ils se donnent l’occasion de saisir au plein jour les visages de ceux qui seront dans la
salle noire au moment du spectacle. Pendant deux jours, ils visitent une vingtaine de classes et font ainsi
l’épreuve du premier contact….
L’une des magies du théâtre, c’est précisément cette approche du public. Le public est un corps collectif sur lequel
l’acteur ne met pas toujours de visage très précis. Quand on est dans les coulisses, on perçoit davantage une palpitation qui vient de la salle. Comme disait la claquettiste
Thelma dans son beau monologue du Tennessee club :
« Thelma : et pendant ce temps, toutes les trois, on improvise autre chose dans le domaine de la nostalgie et du langoureux ! C’est peut être ça qui me
fascine dans les claquettes ! Ca me parle d’une autre époque… Je m’avancerai devant le public, comme ça… (Elle suspend son jeu, se met à rêver)… Il est là, il ouvre la bouche, il
s’attend à tout. Je me donne le luxe de quelques secondes de silence. Le temps est suspendu, les yeux sont grands ouverts, quelques sourires attendris sur les lèvres bienveillantes, un
chuchotement ou deux à des oreilles attentives, les coudes qui se frôlent, la toux masquée d’un spectateur, un regard collectif… Je m’avance vers l’avant scène… « Se décidera-t-elle enfin à
parler ou à dire quelque chose ?"… La musique s’élève, une musique troublante, la chorégraphie imaginée par Miranda et Sissy, je trouve ma place dans le ballet, les claquettes se mettent à
résonner sur le parquet, la porte du « Ziegfeld Follies » vient de s’entrouvrir… »
Dans cette épreuve, les cinq comédiens s’en sortent bien. Ils s’expriment pendant un petit quart d’heure au sujet de
la pièce et le font de manière très efficace. Après une analyse de la question délicate de la mise en abyme si chère à Shakespeare, chacun se présente à travers
le(s) personnage(s) qu’il joue.
Ils sont dépouillés de leurs textes, de leur environnement, de leurs costumes, de leur dimension de
personnages. Mais ils en parlent avec conviction et insistent, dans la troisième partie de leur intervention, sur la nécessité de respecter le travail accompli.
Bien évidemment, je relaie cette information en insistant auprès de chacun des collègues afin qu’il n’hésite pas à
sélectionner les élèves. Ceux qui sont susceptibles de « chahuter le spectacle » vont être écartés. Contrairement à ce que croient certains, cette sortie au théâtre
n’est ni une obligation ni un pur divertissement. Elle s’inscrit dans une éducation, éducation à l’univers de la tragédie (certains ne sont
jamais sortis au théâtre ou ignorent tout de ce genre si particulier), éducation au comportement de ceux que les professionnels du spectacle appellent souvent de ce beau néologisme « les
spectacteurs ».
The high school invited in Sinclair Girnigoe castle !