Des larmes dans les yeux, l’appréhension de ne plus jouer le rôle et d’abandonner le cercle magique où vibrent la musique, la lumière et le texte du
Ceilidh… Les acteurs
étaient dans
cette émotion hier soir au café, quand nous nous sommes rejoints pour un dernier pot avant la représentation. Je revenais avec quatre d’entre eux du Festival
Etonnants Voyageurs de St Malo et la mer, l’ambiance de festival nous avaient un peu grisés.
C’était sublime. Je leur ai d’ailleurs rendu un hommage appuyé à la fin du spectacle, en rappelant
au public le mérite qu’ils avaient eu à rentrer si bien dans cet univers tragique. Ils ont tout donné pour cette dernière devant une centaine de spectateurs qui remplissaient la petite salle du
Moulin à Sons. Ce que j’évoquais dans le dernier article à propos de l’espace s’est absolument vérifié. Quelle intensité dans cette petite salle.
Tous les acteurs ont été un cran au-dessus. Ils disaient le texte avec une application, une émotion, une frénésie
poignantes. Sélouane pleurait dans les coulisses avant d’entrer sur scène, Julie pleurait à chaudes larmes sur la scène, mais en même temps cette crise de sanglots qui lui montait dans la gorge
lui a servi à transcender la voix (au point que ce que Ronald dit à Rebecca dans la scène 4 s’est vérifié : « Avec toi, je ne sais jamais si tu dis la vérité ou si tu es en train de
jouer ! » Et du coup, elle a semé une sorte de panique bienfaisante autour d’elle.
Quand tous les deux sont revenus en coulisses, ils se sont embrassés, se sont serré longuement, conscients d’avoir
vécu un de ces moments magiques qu’offre le théâtre. Le spectacle continuait derrière l’écran qui nous servait aussi de coulisses. De cette position, on entendait mieux encore
les musiques, on voyait les diapos défiler, on entendait le souffle du public, les rires aussi, les sorcières étaient irrésistibles, Sheumas crapule à souhait.
Je reviens sur ce public dans le prochain article, afin de lui donner une voix et un visage.
En attendant, nous retournons nous remettre de nos émotions en bord de mer. La fin d’un spectacle est toujours un
moment si douloureux à vivre…
We are such stuff as dreams are made of...