La scène 2 de l’acte 2, celle de la confrontation entre Tiziana et
Salvatore… Ou plus exactement, celle au cours de laquelle Tiziana, piquée par un vent de folie, se dévoile sur le ponton. Comme elle le confie à mots couverts,
« au moins, ces planches ont le mérite de jeter le grand jour sur la vérité de chacun d’entre nous…” Gigi avait vu juste, les filles ne jouent plus
sur le ponton et, seul avec la froide Tiziana, Salvatore parvient à la troubler profondément !
Diane réussit à mettre dans sa tirade une précipitation et une nervosité
qui soulignent bien le chamboulement de son personnage. A la fin de la scène, fouettée par la jalousie, elle est prête à se donner. Avant l’apparition des
trouble-fête, elle se livre à un jeu de la séduction car, pour la première fois, elle se sent belle physiquement.
Je demande à Diane d’adopter une pause de
séductrice. Au début, elle bute sur la phrase : “Le soleil caresse ma peau salée. Il y a un petit vent léger sur la mer. Ça me donne de petits frissons sur tout le
corps. Je n’ai jamais vu ma peau comme ça ! Il y a de la chair de poule sous les petits poils dressés et du sang qui tape sous la peau… Salvatore, est-ce que tu m’as déjà bien
regardée ?... » Elle avoue ne pas comprendre comment on peut séduire avec une phrase comme celle-là ! Je lui explique qu’au théâtre, on ne parle pas
forcément la même langue que dans la vie et que cette phrase, par sa tournure étrange vise à est une façon de partager à partenaire (et au spectateur) le secret d’un
trouble qu’elle ne connaissait pas et qu’elle découvre !
« … (Il prend un air inspiré et s’approche un peu plus de
Tiziana) N’importe ! Toi, tu es venue jusque là… Alors, regarde vers le large, Tiziana ! Respire enfin ! Est-ce que tu sens, comme
moi, ta poitrine qui se gonfle et tes yeux qui se dilatent… (Il lui ébouriffe les cheveux) Comme ça, ça te va mieux ! Ça te donne un air sauvage à tout faire craquer !
Embarquons-nous, Tiziana ! Tes cheveux se soulèvent, ta bouche est humide…
Tiziana : (manifestement gênée par la tournure que
prennent les événements !) : puisque tu affirmes que tu as aussi invité Ornella et Lauredana, je vais tout de même leur envoyer un SMS. C’est
bête qu’elles ratent l’occasion de s’amuser avec nous.
Salvatore : Tiziana, réfléchis !… Tu es au milieu de l’eau
avec moi !... Nous sommes tout seuls et il n’y a pas de portable sur un ponton!
Tiziana : oui, c’est vrai, c’est vrai ! Excuse-moi !...
De quoi ai-je l’air maintenant ? Tu dois me trouver bête et hideuse ! Quelle sotte ! Mon rouge à lèvres a coulé, sans doute. Je me suis maquillée sans penser que j’allais
nager… Quelle heure est-il ?
Salvatore : sept heures trente...
Pourquoi ?
Tiziana : je t’ai demandé l’heure ! C’était juste pour
savoir... Tu comprends, ça fait drôle d’être comme ça avec toi, au milieu de l’eau, sans horloge, sans portable, sans maquillage… Ca donne l’impression de dériver… (Toujours un peu
gênée) Et Gigi… Tu dis qu’il devait venir ?
Salvatore : oui, il devait venir... Mais il a dû renoncer au
dernier moment… Certainement qu’il a eu peur de sauter à l’eau dirons nous… A moins qu’il n’ait déjà plongé, lui aussi … Pourquoi est-ce que tu t’accroches comme ça au bord du
ponton ? Il n’y a pas de tempête et tu ne risques pas de tomber dans l’eau ! (Il fait semblant de la bousculer) Sauf si je te pousse
!
Tiziana : (elle regarde ses mains. Sourire gêné)
C’est pourtant vrai !... Je ne m’en rendais pas compte !... Tu vois tout toi ! »
Sei veramente bella, lo sai Tiziana !