Tristan dans le maquis arthurien (2/2)
Comme tous les preux, Tristan ne demande qu’à accomplir sa mission pour contenter son roi, mais cette histoire est marquée par une forme particulière de la fatalité. Pendant la traversée qui doit ramener le couple sur les rivages de Cornouailles, un « vin herbé » fait son effet et Tristan et Iseut tombent éperdument amoureux. Les yeux de l’amant mélancolique sont désormais définitivement détournés, et l’un et l’autre des ardents amants, malgré la présence du Roi Marc et d’une cour soucieuse d’honorabilité, n’auront de cesse de déjouer les pièges des regards pour tâcher de s’aimer en secret.
Cette belle histoire aux maintes péripéties (souvent cocasses, car il s’agit de tricher ou de mystifier) s’est construite sur des versions variées. On lit souvent la version d’un certain Béroul qui écrivait au XII° siècle, mais ce même Béroul s’est largement inspiré des contes qui circulaient à cette époque dans le royaume d’Angleterre d’Henri II et d’Aliénor d’Aquitaine, via troubadours (du pays d’Oc, sud Loire) et trouvères (du pays d’Oïl, nord Loire). Des influences diverses nourrissent cette littérature qui découvre notamment l’esprit de la courtoisie.
Par principe, le chevalier courtois rend hommage à une « dame » qu’il aime de loin, de façon religieuse et platonique. En ce sens, Tristan comme Lancelot se voue à un seul amour. Mais, au lieu de s’étourdir de rêve et d’idéal, lui consomme presque sauvagement cette relation à l’autre. L’étreinte d’Iseut lui est nécessaire, à tel point qu’il est prêt à tout pour la retrouver.
C’est le sens de la fable du chèvrefeuille et du coudrier que conte Marie de France dans son célèbre poème connu sous le titre « le Lais du chèvrefeuille », « Ni vous sans moi, ni moi sans vous ». Enlevez le bâton de coudrier au chèvrefeuille et tous deux dépérissent...