Point de vue sur les deux versions : version narrative ou version théâtrale
À force de visiter les pages de ton blog au fil des jours, je
reconnaissais l'atmosphère, les personnages, le style et même la
musique. C'est donc une vue d'ensemble que m'a apportée ma lecture, du
radeau d'Angelika au ponton de Gilda. Alors je dois te dire que la
version "romanesque" m'a moins convaincue que la version pour la
scène, et ce, pour une raison majeure : il me semble que dans la
version narrée, la scène majeure du "retournement", de la conversion ?
de Gigi à Gilda et à une vie plus aventureuse est beaucoup trop
rapide, trop singulière pour que le lecteur ait le temps de
l'accepter. Alors que dans la version scénique, la scène a qqch
d'emblématique, de représenté, qui fait que l'on peut la prendre comme
la cristallisation d'autres scènes et d'un processus psychologique. Et
puis elle permet aussi de tisser de façon plus musicale la polyphonie
- parfois cacophonique - des duos : celui de Gigi et Gilda, celui de
Salvatore et Ornella, celui de Carolina et Francesca, celui des voix
parlées et des voix chantées. Bref, il y a me semble-t-il dans ta
création, quelque chose de très vocal (j'entends les voix, avec leurs
accents et leurs nuances) qui s'adapte bien à la scène et donne aux
personnages une chair et une voix que la version narrée donne de façon
moins harmonieuse, trop "démonstrative, peut-être, et où le temps, me
semble-t-il, n'a pas le temps, précisément, de prendre sa place?
Voilà. Le décor de l'intrigue est au demeurant associé pour moi à un
très lointain souvenir de voyage en Sicile, au printemps, avec
l'émerveillement d'une traversée au crépuscule de Milazzo à Lipari, où
le fort abritait alors une auberge de jeunesse. Et Vulcano, celui de
l'ascension du volcan (violente rencontre de crânes à l'intérieur
d'une bouffée brusquement surgie d'une solfatare), mais surtout d'une
nuit passée dans une grotte offerte par l'hospitalité du patron du
café situé au débarcadère, où la pluie ruisselant contre la toile de
notre tente placée devant l'entrée, avait transformé ladite grotte en
piscine. Insomnies et catastrophes, éclats de rire aussi? J'ai dû
passer en train à Santo Stefano sur la route de Palerme? »
Demain et lundi, petite pause dans le blog du fait d’une petite « mission » sur La Rochelle… A mardi donc pour une période de déménagement et d’ouverture de perspectives pour le blog !...
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