Retour sur la scène du Moulin à Sons avec la troupe au complet et les progrès que chacun a faits de son côté au cours des ateliers isolés des dernières semaines. Cela a porté ses fruits…
Le seul inconvénient ce soir-là, c’est la cohabitation avec le groupe de rock branché qui allumait la salle
au-dessus. Malgré l’insonorisation, difficile de ne pas entendre les décibels… Fâcheux effet de contraste entre la mélancolie ou le caractère tragique de certaines scènes et les variations de
micros et de guitare électrique. Effet de contrepoint qui prenait parfois des allures grotesques.
Belle performance de la plupart des personnages pour parvenir à tenir tête aux circonstances et à rester concentré
malgré tout. Julie notamment, rayonnante dans le fourreau noir que nous lui avons suggéré d’enfiler pour jouer Rebecca, trouve des accents tragiques de plus en plus justes. A la manière de Ronald
qui se grise de son jeu dans la tirade de Lady Macbeth, on a envie de lui dire : « Comme cela fait du bien d’entendre cela… ».
Sélouane a eu un peu de mal à se concentrer mais de bons moments laissent augurer une bonne réussite pour son
personnage. Elégamment vêtu, avec sa veste trois quarts et son écharpe blanche, avec sa canne de dandy qui accentue le trait méprisant, il semble avoir trouvé sa pleine mesure.
Par convention, la répétition implique l’ensemble de la pièce, d’où la nécessité d’aller vite. Mercredi prochain,
nous reviendrons sur l’acte 2 qui fonctionne déjà assez bien, alors que nous ne l’avons joué que deux ou trois fois. Cela s’explique en partie par le fait que les personnages dans cet acte jouent
leur « pièce dans la pièce ». Sheumas devient Georges, cynique à souhait, bavant de méchanceté. Max devient John aux accents déchirants et Heather devient la tendre et éplorée Fiona.
Quelques arrêts sur images, quelques trouvailles :
- Le passage sur scène de Nolwenn quand les sorcières sont en ville et qu’elles
cherchent désespérément un passant (Nolwenn est ma fille, elle a dix ans et fréquente assidûment les planches depuis longtemps. A chaque fois, son rêve c’est de décrocher un petit rôle)…
- Le cri de Suzy dans les coulisses quand elle découvre que Heather a été tuée,
c’est Léonor qui le poussera : elle a en effet une forte puissance vocale.
- Le couteau de Rebecca doit servir à Lou. Ce n’est pas un simple jeu de scène. Le
poignard a une fonction dramatique… il préfigure l’acte qui va être commis. Seul, le spectateur averti ou perspicace peut le percevoir. Je reviendrai d’ailleurs la prochaine fois sur le
personnage de Lou et la surprise de la fin. Il n’y a qu’à condition d’une connaissance de la fin que le spectateur peut percer à jour l’ironie tragique de cette sorcière
libertine !
Put the stage in the moorland...