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John Sinclair : la part de l'histoire et de la légende dans le ceilidh

Publié le par Bertrand

Vous êtes quelques uns sur ce blog à réclamer « du vrai » et à chercher à déceler, sous la fiction, les traits qui renvoient à la réalité. En dehors de l’autobiographique auquel j’ai fait allusion à plusieurs reprises (et on a vu la petite part qu’il tient dans le Ceilidh), il y a l’Histoire et la tradition locale… Ce que Hugo appelle « de l’histoire écoutée aux portes de la légende »…Hugo qui a joué aussi un rôle important dans cette Ecosse romantique que j’évoque depuis le début de ce blog (Hugo celtique, Ecosse romantique, je leur consacrerai un article prochainement)
         Quoi qu’il en soit, avec ou sans Hugo, si vous allez un jour dans ces contrées de Caithness et de Sutherland, si vous vous intéressez aux vieilles ruines et aux récits qui circulent encore à leur propos, voilà ce que vous pouvez entendre ou trouver auprès des différentes sources ou archives…
         Si l’historien entame des recherches sur les châteaux qui nous intéressent dans cette pièce, il ne sera pas déçu… Surtout en ce qui concerne le château de Girnigoe. Il existe en effet depuis le XIV° siècle et il aurait été érigé sur le site d’un ancien fortin viking… Il est très vite reconnu comme l’une des plus élégantes demeures du nord de l’Ecosse et bénéficie d’un grand prestige. De nombreuses figures y sont associées et notamment celles de la lignée Sinclair dont nous avons déjà évoqué le clan. Luxe, puissance, renommée… Tout n’est pas pour autant édifiant… Temps de violence et de barbarie, conflits de pouvoir, luttes internes, notamment entre les comtes des proches Orcades et les comtes de Caithness. Intrigues de sang et d’or. Histoires d’un alchimiste qui aurait été pendu… Bref, le cadre idéal pour la tragédie ! Maintenant, braquons le projecteur sur un moment particulier… Nous sommes en 1556. Georges, le quatrième comte de Caithness « Earl of Caithness » se voit accorder, par la grâce de sa majesté, la célèbre « Mary, Queen of Scots », la charge héréditaire de Justicier. Cette charge lui confère un droit de vie et de mort sur tous ses sujets : il règne dans le Caithness en monarque absolu.
         C’est à cette époque que se déroulent les faits associés à John Sinclair, son fils, qui fut, d’après la tradition, emprisonné et qui mourut dans le cachot en 1576. Telle est la date que l’on trouve inscrite sur le mur aux côtés de la formule désespérée : « no hope ». A ce récit tragique, s’ajoute celui qui raconte que l’un de ses geôliers, s’étant montré un peu trop compatissant avec John fut pendu par le master, lequel mourut en 1582.
         Tel est le grain que j’ai moulu pour imaginer mes personnages. Nous entrons alors dans le domaine de la création, et là, je revendique une totale liberté. Ce qui entre en jeu n’est en effet plus seulement du domaine de l’Histoire, mais du domaine de l’arrangement littéraire (ainsi, par exemple, ai-je opposé à un père austère et corrompu, un fils tendre et idéaliste, autant que sa fiancée Fiona, exaltée et romantique (voir cet extrait de la scène 4 de l’acte 2)…
 
« D’un côté de la scène, le cachot du château de Girnigoe. Un homme enchaîné au fond. C’est John Sinclair (joué par Max) De l’autre côté de la scène, dans l’ombre jusqu’à la scène 8, le donjon d’Ackergill Tower. Une fille enchaînée : c’est Fiona (jouée par Heather).
 
John : (Il finit de graver un message sur la pierre du cachot puis le lit à voix haute) : « No hope ! »…No hope ! (Son discours oscille entre le cri de rage et l’halètement)  Désespoir !!!Horror ! Horror ! Horror ! Horreur de la nuit et du vent !... Girnigoe ! Girnigoe ! Comme cet endroit m’étouffe désormais ! Moi qui trouvais pourtant si doux de me promener au pied de ce château, domaine des Sinclair. Fiona était avec moi. Nous nous aimions. Nous avions tellement de projets dans nos têtes. J’étais promis à un brillant destin. Le monde était à refaire. Moi, John Sinclair, l’héritier direct, j’avais déjà des partisans prêts à rallier notre cause ! Et me voilà maintenant jeté au cachot ! (Hurlement) Et je subis le châtiment infligé par mon père ! Il m’a enfermé là comme une bête et me nourrit de viande salée ! Le froid me pénètre les os et la soif cruelle m’entaille les lèvres et la gorge comme un couteau ! »
"No hope", cachot de Girnigoe.
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