Au moment de la grande vogue du romantisme, l'Écosse passait pour l'un des pays qui correspondaient le plus aux
aspirations vers le rêve et l’absolu… (Un peu dans le sens des tableaux de Friedrich ou de John Martin). Pour changer le monde et remplacer la mythologie traditionnelle héritée de l'univers
gréco-romain, les auteurs se réfèrent à l'univers celtique afin de satisfaire de nouvelles formes de l'imaginaire. Je citerai ici cette analyse de Renan, le Breton de Tréguier qui m'a peut-être
fait croire que je trouverais en Bretagne, le moment venu de choisir une mutation, une région en correspondance avec l’Écosse. Voilà ce qu'il écrit à propos du Finistère :
« Lorsqu’en voyageant dans la presqu'île Armorique et qu'on dépasse cette région de la Normandie et qu'on
entre dans celle qui mérite ce nom par la lande et la race, le plus brusque changement se fait sentir tout à coup. Un vent froid, pleins de vagues et de tristesse, s'élève et transporte l’âme
vers d'autres pensées ; le sommet des arbres se dépouille et se tord ; la bruyère étend au loin sa teinte uniforme ; le granit perce à chaque pas un sol trop maigre pour le revêtir ; une mer
presque toujours sombre forme à l'horizon un cercle d'éternels gémissements. »
Dans cet extrait de l'Essai sur la poésie des Races celtiques, Renan se ressent particulièrement de la vague
ossianique qui a traversé le début du XIXe siècle en Europe. Qui est cet Ossian et pourquoi a-t-il à ce point marqué les consciences, j'y reviens demain.
Wuthering heights of Dingwall (Collection personnelle)