J'ai déjà fait mention dans ce blog de la grotte de Fingal. Elle est située dans l’Ouest de l'Écosse, sur une petite île nommée Staffa (au large
d’Iona et de Tobermory), à laquelle on peut accéder en bateau. Sur cette île, s’ouvre une sorte de caverne d’une soixantaine de mètres de hauteur, soutenue par ce que le géographe appelle des
« orgues basaltiques » : la mer s'y engouffre en clapotant, ce qui produit cette rumeur presque musicale qui inspirera au musicien Mendhelsonn sa fameuse « Grotte de
Fingal ». Fingal est l’un de ces héros de l’épopée antique prétendument écrite par Ossian, le vieux barbe écossais, « l’Homère du Nord ».
En 1760, à Edimbourg, paraissait une plaquette de poèmes en prose intitulée Fragments de Poésie Ancienne, recueillis dans les Hautes Terres
d’Ecosse, et traduits de la langue gaélique ou Erse. Il faut rendre hommage à cet Ecossais rusé qui a su répondre en son temps aux nouveaux besoins de sa génération… Il prétend en effet à la
fin du XVIIIe siècle, avoir découvert dans l'extrême nord-ouest de son pays d’étranges textes écrits en langue gaélique qu'il attribue à Ossian, barde celte du IIIe siècle. Belle histoire qui
comble aussitôt les rêves de l’Ailleurs et le vertige d’une Histoire renvoyée à l’aube des temps. Ossian parle de héros immenses, de pierres dressées dans la lande, de créatures énigmatiques, de
silhouettes évanescentes vivant dans des châteaux dressés sur les gouffres. C’est tout Girnigoe ça, c’est tout Ackergill et sa Green Lady !
Tout n’est en fait que supercherie ! Macpherson a simplement cherché à donner un cadre à ses rêves romantiques… Il faut bientôt se rendre à
l’évidence ! Ossian n'a jamais existé. Les héros d’Ossian ne sont que les chimères d’un esprit mélancolique… Macpherson doit avouer la mystification. Notons tout de même que la promotion de
son œuvre s’est faite via la figure médiatique du vieux barde ! Bel effet de marketing !
Anywhere out of the world (Ch.Baudelaire)