http://www.nessie.co.uk/
Le fameux Nessie, bien évidemment ! C’est l’attraction du lieu et les gens en parlent avec malice.
Ces dernières années un « monster exhibition centre » a été monté dans le village de Drumnadrochit et il répond de façon assez pertinente aux diverses
questions « pratiques » qui se posent à propos du vieux « cheval de mer » qu’avait vu jadis (6° ou 7° siècle) San Colomban. Il déchaîne les passions ce
monstre !
Le Loch Ness est majestueux. Immense lac qui s’étend sur une quarantaine de kilomètres dans un secteur de
vieilles montagnes. Quand la bise souffle et engourdit les branches, penchées sur la petite route qui longe, c’est l’aube des temps. En cela, l’esprit de la créature antédiluvienne
souffle le respect. Les gens roulent l’oeil braqué sur les eaux du lac. Elles sont profondes, 400 mètres par endroits, tourbeuses et agitées. D’épais nuages
passent là-dessus et prolongent sur la surface l’ombre des ruines d’Urquart Castle qui domine l’endroit le plus stratégique (et touristique !), à environ 8 miles de
Drumanadrochit.
C’est là que j’avais donné rendez vous à Nessie un beau matin de juin, à cette période enchantée de
l’année où, à cette latitude, le soleil (quand il daigne se montrer !), ne se couche pas longtemps ! L’inconvénient, c’est qu’en juin, les touristes commencent
sérieusement à affluer. Japonais, bridés par le plaisir de mitrailler dans ce coin d’Europe cliché, Chinois, dragons de Komodo sur le ventre, sanglés d’appareils photos, Américains bardés pour
« faire l’Ecosse en sept jours »…
Il fallait donc arriver avant tout le monde. Bed and breakfast à Drumnadrochit, veillée avec
un couple de Gaëls originaires de Skye. Je les avertis : demain, pas de breakfast avant neuf heures, ne vous inquiétez pas, je ne me sauve pas pendant la nuit, mais je me lèverai à 3heures
et sortirai discrètement…
Il fait beau. Le soleil perce quand j’arrive devant le château autour de 4heures du matin. Pas un bruit.
« Embrasser l’aube d’été » comme dit Rimbaud. Beaucoup de voiles et de scintillements sur le miroir des eaux. Pinceaux de lumière. Maquillages sur la joue des fleurs.
Les oiseaux s’ébrouent. Lever de rideau sur le lac, mais pas de monstre.
Je reviens vers 8heures au bed. Mon hôtesse m’accueille : « Did you see Nessie at breakfast ?” Façon
sympathique de présenter le monstre familier que son mari m’a dit avoir vu un jour : « Ulinich Loch Nich » en gaélique !
One june morning on the shore of Loch Ness (collection personnelle)