Je ne clorai pas cette série sur les lutins et les fées sans évoquer cette curiosité qui surprend le passant le long d’une petite route de
la « Black Isle », la fameuse
« Ile noire » de Tintin, située à proximité d’Inverness. A vrai dire, il ne s’agit pas d’une île (ce qui va dépoétiser la scène !) mais d’une presqu’île économiquement très
active, qui s’étire entre deux bras de mer (des
« firth »), au nord d’Inverness.
Un dimanche matin, je roulais sur une petite route de cette Black Isle et mon regard est attiré par un gros
chêne sur le bas-côté. Toutes les branches de ce chêne sont encombrées de pièces de vêtements, tissus variés, indécents ou légers, gracieux ou triviaux, chaussettes,
soieries, slips à poches ou strings, mouchoirs brodés, collants usagers, bas résilles…
L’eau de la claire fontaine que chante Brassens coule là-dessous, sous cet enchevêtrement de racines, ramures,
étoffes et semble accompagner le grincement des branches dans le vent du matin.
Je m’avance ou plutôt me faufile sous les culottes avec l’air sournois d’un cycliste qui
défait son cuissard pour la pause pipi. Je reluque les dessous pas très affriolants de cette débauche de dentelles et de tissus fantaisie empesés de rosée.
Un paysan travaille dans le champ d’en face et fixe un oeil jaloux sur mes musardises. Plutôt
perplexe qu’autre chose, je choisis l’option de m’avancer vers lui pour l’interroger.
Le gaillard éclate d’un bon rire. « That’s the fairy tree », l’arbre aux
fées !... « Depuis des temps très anciens, les gens accrochent des bouts de tissu pour habiller les fées !... » Puis il ajoute, un peu plus rigolard :
« toi, je t’ai vu faire ! tu n’as rien accroché, mais tu as regardé sous les jupes ! Arh, these french ! »
Looking for fairies (collection personnelle)