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Courir avec ou sans Jean Echenoz

Publié le par Eric Bertrand

              « Courir », c’est aussi le titre du dernier ouvrage de Jean Echenoz (consacré au coureur Zatopek que célébraient mes grands-parents et, après eux, ma mère). Les lecteurs de ce blog savent que je suis adepte de la course à pied et que ce sport m’apporte un certain nombre de bons moments et de réjouissances diverses, ce qui me donne précisément envie de lire Jean Echenoz (comme quoi, courir mène à tout, même à ce grand écrivain contemporain dont l’un des précédents ouvrages portait le beau titre de « Je pars »…)

               J’ai donc beaucoup couru pendant ces vacances… Dans les chemins, les sentiers, les petites routes de traverse où sommeille quelque grosse ferme mal éclairée… Un chien qui aboie, un mouton qui se détricotte dans l’obscurité, un âne qui piétine dans la boue, un abreuvoir qui sonne creux dans le creux du soir, un paysan qui sort sur le seuil de la porte et qui marmonne : « on essaie d’éliminer après la grosse bouffe ! »

                Mes raisons ne sont ni diététiques ni hygiéniques… Il se passe bien des choses, l’espace d’une foulée ! Pas forcément ce qu’on croit ! Mes collines du Dauphiné, en cette période glacée sont une hotte bien remplie. Elles sentent l’humus et la neige fondue, l’herbe et le bois mouillé, la lumière qui s’égoutte et le souvenir multiple.

               Dans le matin qui monte ou le soir qui descend, au milieu des maisons qui gouttent et qui scintillent, devant les pères Noël qui s’accrochent aux vitres ou aux ramures des sapins, les tablées d’escargots blonds, dindes dorées ou huitres gris perle, où s’active, Michel Ange à cordon bleu, quelque cuisinière blonde, je poursuis des ombres qui habitent cette éternité !

Seals at Staxigoe
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E
Plaisir de nous croiser ainsi, Francis, à ces détours... Rappelle-toi avant, c'était au coin d'une route, ou d'un chemin creux, toujours en joyeuses foulées !
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B
quel délicieux article.... ma paresse m'empêchera de te suivre sur les chemin dauphinois... mais je savoure tes mots qui font écho à ma mémoire... j'adore les moutons qui détricotent.... ce que la cuisinière blonde retricote avec amour !
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L
Encore un article plein de sensibilité  que j'apprécie beaucoup ! Et quelle coïncidence! A des centaines de kilomètres l'un de l'autre , nous courions. Je vois que tes sentiers sentent bon l'originel et que tes parcours littéraires t'ont mené à cet écrivain, Echenoz: un être complexe que ce monsieur! Et pendant que tes rêveries existentielles habitaient cette nature du Dauphiné, je lisais ...Quel Hasard! ..."je pars" et je m'apprêtais à en dire quelques mots mais je crois que ce soir je vais aller goûter à l'odeur des feuilles mouillées de cette brume hivernale, mouillées aussi de ses odeursâcres que nous respirons à pleins poumon . Alors, je pourrai mieux découvrir son roman"courir". Il me semble avoir entendu Echenoz en parler à l'émission "la grande librairie".
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