Chanter et interpréter
J’ai entendu récemment une interview de Julien Clerc au cours de laquelle le chanteur expliquait le type de relation qu’il entretenait aux textes qu’il choisissait. A la différence d’un Gainsbourg, Souchon ou Brassens, Julien a toujours déclaré qu’il ne concevait pas son métier autrement que dans l’interprétation des textes qu’on lui écrivait.
Il est musicien, il met des textes sur des musiques ou des musiques sur des textes avant d’y poser sa voix. Faire une chanson relève d’une sorte d’alchimie. C’est du moins dans ce sens que j’ai compris le sens de ses propos.
Ainsi, il explique qu’après la période Roda Gil qui a tant marqué le début de sa carrière, il a éprouvé le besoin de se renouveler et d’aller à la découverte, aux côtés d’autres paroliers, de nouvelles ressources. Chanter du Jean-Loup Dabadie ce n’est pas chanter du Roda Gil. Cela exige une toute autre orientation de la voix et de la musique.
Julien prenait l’exemple de la fameuse chanson « Femmes, je vous aime »… Il expliquait que c’était du Dabadie pur, dans l’exhibitionnisme du sentiment. Roda Gil adoptait une position inverse, dans la retenue et la pudeur… Et cela exigeait un tout autre travail qui l’obligeait à adopter une autre posture.
Il en va du chanteur comme du comédien. Diderot le montre bien dans son « Paradoxe du Comédien ». Comme une scène ou un personnage qu’on incarne, une chanson est un filtre. L’artiste la charge d’émotion grâce à un art abouti de l’interprétation.
Prenons l’exemple de ce texte écrit pour Johnny et voyons à quel point l’interprétation de Julien le modifie…