L’étrange histoire de Benjamin Button : « comme il vous plaira »
Je ne résiste pas à la tentation de prolonger cette série sur « Benjamin Button » par la référence à mon maître Shakespeare et à la fameuse tirade proférée par Jacques des Bois dans la pièce « Comme il vous plaira ».
Comme souvent chez Shakespeare, passe un personnage épisodique qui offre au spectateur l’occasion d’une réflexion sur la condition humaine. Soucieux de mes lecteurs non anglophones, je vous en livre une traduction libre : (j’ai souligné les passages particulièrement signifiants pour le film !)
Le monde entier est une scène,
Et tous les hommes et les femmes n’y sont que des acteurs:
Ils ont leurs sorties et leurs entrées;
Et un homme en son temps, ne fait que jouer sa partie,
Le tout en sept actes...
Au premier acte, c’est l’enfant,
Vagissant et vomissant dans les bras de l'infirmière.
Et puis vient le léger écolier, avec son cartable
Et sa face de soleil levant, glissant comme l'escargot
Contre son gré, sur le chemin de l'école.
Et puis vient l'amant, au long soupir de forge,
Avec sa longue ballade triste fabriquée
Spécialement pour les beaux yeux de sa maîtresse.
Puis vient le soldat, plein de serment étrange,
Barbu comme le léopard, jaloux sur le point de l'honneur,
Prompt à la querelle,
Et sans cesse à la recherche de cette bulle qu’on appelle
« La gloire » jusque dans la bouche du canon.
Et puis vient le juge avec son ventre rond
Rempli d’un bon chapon,
Avec ses yeux et sa barbe sévères,
Plein de sagesse et de maximes.
Le sixième
âge porte un maigre pantalon
Avec les lunettes sur le nez et la pochette sur le côté,
Sa voix, naguère forte, glisse peu à
peu
Vers le son enfantin du fausset.
Puis vient
la scène finale de cette étrange histoire...
C’est le retour à l’enfance,
Sans dents, sans yeux, sans goût, sans rien.
PS : pas d’articles demain pour cause de voyage du côté d’Arcachon et de
Bordeaux...