Elle a commencé à 20h45, s’est achevée aux alentours de 22h30. Cette fois,
« la mécanique » est rodée. Les techniciens maîtrisent l’ensemble de l’éclairage et les
synchronisations sont tout à fait assurées. Les comédiens n’ont déjà
plus le trac, je perçois même chez eux comme
un essoufflement, signe de fatigue de la
journée exigeante qu’ils viennent de traverser mais aussi signe de déception devant le public beaucoup plus « humble » venu pour les applaudir.
On divise le nombre par
10 : 70 au lieu de 700, ça fait une différence ! Mais attention, c’est aussi un public de qualité, un public de fidèles particulièrement attentifs. Beaucoup d’entre eux ont
acheté le livre et connaissent sinon la pièce du moins sa version narrative.
Et du coup, une sourde contrariété, une envie moins forte de jouer, chez certains du moins. Je les
encourage en mettant ça sur le dos de la fatigue. Je me rappelle des représentations devant un pauvre public avec les comédiens du « Loft » ou de « l’homme à la
tête de chou et au cœur d’artichaut » : ceux-là ont pourtant toujours eu autant de plaisir à jouer. Jouer, jouer, avant tout jouer pour continuer d’exister dans
l’espace de la pièce et dans la peau de « personnage papillon », condamné à perdre de ses couleurs sitôt que le rideau sera retombé. Julie est la première à être touchée par cette forme
de dépression qui saisit chaque membre de la troupe après un spectacle. Elle a vécu son personnage avec une telle intensité…
Ils en savent quelque chose ceux qui sont venus nous voir ce soir. Il y a là deux des membres les plus passionnés de
l’ex-troupe, ceux de Gainsbourg, du « Loft » et du « Tennessee ». Thelma, la Goulue, Manon, Tom, Tarzan, Dorian… C’est un bonheur de les savoir dans la
salle. De leur offrir ce texte…
Ils reviennent dans les coulisses, ils me confient avoir distillé chaque mot, avoir plongé dans l’atmosphère de la
pièce et regretté presque de ne pas y être resté davantage. Outre l’intrigue qu’ils découvrent, la musique, l’ambiance hithkockienne, ils ont éprouvé l’étrange sensation de se retrouver dans des
attitudes, des mots, des personnages. Yohann incarnait Tarzan dans « le Loft » et il retrouve un peu du dandy dans le personnage de Ronald. Céline incarnait Thelma dans
« le Tennessee club » et elle retrouve un peu du désespoir de cette épouse délaissée dans Rebecca.
Dans ce rôle là, je la voyais bien en effet.
Je reviendrai demain sur certaines autres réactions du public.
Quiet and peaceful : "les petits lochs au fond des glens" (Ronald)