Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Invitation au voyage : seconde représentation

Publié le par Eric Bertrand

Elle a commencé à 20h45, s’est achevée aux alentours de 22h30. Cette fois, « la mécanique » est rodée. Les techniciens maîtrisent l’ensemble de l’éclairage et les synchronisations sont tout à fait assurées. Les comédiens n’ont déjà plus le trac, je perçois même chez eux comme un essoufflement, signe de fatigue de la journée exigeante qu’ils viennent de traverser mais aussi signe de déception devant le public beaucoup plus « humble » venu pour les applaudir. On divise le nombre par 10 : 70 au lieu de 700, ça fait une différence ! Mais attention, c’est aussi un public de qualité, un public de fidèles particulièrement attentifs. Beaucoup d’entre eux ont acheté le livre et connaissent sinon la pièce du moins sa version narrative.
              Et du coup, une sourde contrariété, une envie moins forte de jouer, chez certains du moins. Je les encourage en mettant ça sur le dos de la fatigue. Je me rappelle des représentations devant un pauvre public avec les comédiens du « Loft » ou de « l’homme à la tête de chou et au cœur d’artichaut » : ceux-là ont pourtant toujours eu autant de plaisir à jouer. Jouer, jouer, avant tout jouer pour continuer d’exister dans l’espace de la pièce et dans la peau de « personnage papillon », condamné à perdre de ses couleurs sitôt que le rideau sera retombé. Julie est la première à être touchée par cette forme de dépression qui saisit chaque membre de la troupe après un spectacle. Elle a vécu son personnage avec une telle intensité…
              Ils en savent quelque chose ceux qui sont venus nous voir ce soir. Il y a là deux des membres les plus passionnés de l’ex-troupe, ceux de Gainsbourg, du « Loft » et du  « Tennessee ». Thelma, la Goulue, Manon, Tom, Tarzan, Dorian… C’est un bonheur de les savoir dans la salle. De leur offrir ce texte…
              Ils reviennent dans les coulisses, ils me confient avoir distillé chaque mot, avoir plongé dans l’atmosphère de la pièce et regretté presque de ne pas y être resté davantage. Outre l’intrigue qu’ils découvrent, la musique, l’ambiance hithkockienne, ils ont éprouvé l’étrange sensation de se retrouver dans des attitudes, des mots, des personnages. Yohann incarnait Tarzan dans « le Loft » et il retrouve un peu du dandy dans le personnage de Ronald. Céline incarnait Thelma dans « le Tennessee club » et elle retrouve un peu du désespoir de cette épouse délaissée dans Rebecca.
              Dans ce rôle là, je la voyais bien en effet.
              Je reviendrai demain sur certaines autres réactions du public.

F1000009.JPG
Quiet and peaceful : "les petits lochs au fond des glens" (Ronald)
 
Commenter cet article
B
C'est  vraiq u'apres la representation devant les élèves ont ete moins stressés de jouer le soir, mais toujours aussi passionés par notre texte et nos personnages. Je me souviens que pendant la representation du soir du " LOFT" , Ophélie et moi , on s'etaient accordé un éclat devant les spectateur. Et j'en garde d'ailleurs un tres bon souvenir.<br /> Dommage que je n'ai pu assisté a cette représentation
Répondre
E
Quel était cet "éclat" ? Car vous aviez des personnages sobres et cyniques... 358 Spot et 359 In Vitro, terribles agents d'un régime totalitaire et répressif...
D
Effectivement, j'ai éprouvé un plaisir immense à voir cette pièce. Le travail d'Eric à évolué, s'est perfectionné, délaissant un trop grand nombre d'acteurs pour pouvoir mieux les diriger et ajuster certains détails comme bon lui semble. On sent donc que les acteurs sont tous au point, comme le sont aussi tous les musiciens. les textes et les musiques s'enchaînent parfaitement formant un ensemble harmonieux, nous plongeant dans l'ambiance de cette écosse mystérieuse mais si attirante. Le jeu des acteurs est surprenant, la perfidie qui se dégage de Ronald est palpable et la douleur de Rebecca, sa folie meurtrière, est effrayante. Finalement, on retrouve bien dans le jeu des acteurs, toute la noirceur de la tragédie MacBeth. Les acteurs fatigués ? Et bien pas sur scène, malgré le pauvre public (quel dommage !), il se dégageait une énergie particulière, notamment lors de l'apparition des trois sorcières, nous emmenant très loin dans l'hystérie mais aussi le rire car ces sorcières sont inimitables et forment un sacré trio macabre. Je reviens aussi sur la musique et les interludes en gaélique joués par Erik, c'était tout bonnement incroyable, de se sentir à ce point transporté en Ecosse, juste en écoutant ces sons si particuliers joués avec maestria par un orchestre très en forme, brillant de milles sons par sa variété (accordéon, Harpe, flûte et j’en passe). Alors voilà les raisons pour lesquelles j’ai été enchanté de voir cette pièce, je suis très fier de mon ex-prof de théâtre et admire la nouvelle génération d’acteurs, d’ailleurs, je voulais au passage féliciter particulièrement Ronan pour l’interprétation fantastique de son personnage, il m’a beaucoup surpris. Il me tarde de revoir la troupe sur les planches et en attendant, je leur dédie mon plus grand Bravo.
Répondre
E
Merci Dorian pour ce beau commentaire tout en élégance et en justesse. Tu as tout à fait perçu le sens de la pièce et crois-moi que c'a a été un honneur pour nous de jouer en te sachant dans la salle, toi dont les tirades retentissent encore dans nos esprits...