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« La Princesse de Clèves » et Mme de La Paillette 1/2

Publié le par Eric Bertrand

             Une culture classique est-elle économiquement utile et réellement productive ? Sur cette base « à l’aveuglette », notre président mettait récemment le feu aux poudres et jugeait caduque qu’on enseignât la littérature de Mme de Lafayette à un concours administratif.    Quel besoin le client a-t-il de traiter un dossier avec une employée qui aura pris le temps d’analyser les tourments d’une passion si datée ?

             C’est un peu le discours que tient la majorité des élèves qui s’indignent de devoir, bon gré mal gré, entrer dans la logique d’un texte de Voltaire, Flaubert ou Le Clézio ? Monsieur, c’est de la langue du Moyen-Age ! On n’y comprend rien !... Seraient-ils au fait de l’actualité, ils pourraient trouver dans les propos du Président un argument d’autorité !

             Il y a de cela plus d’un siècle et demi, Théophile Gautier s’indignait déjà contre cette concurrence déloyale. Dans La Préface de son roman Mademoiselle de Maupin, face aux détracteurs du Beau, il écrivait ironiquement à propos de littérature utile : « l’endroit le plus utile dans une maison, ce sont les toilettes »...

              Au lecteur d’en tirer les implications !

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D
<br /> De la lecture comme résistance à la médiocrité<br /> Bonjour Sheumas, j''ai beaucoup apprécié votre approche de la lecture. Merci de nous avoir rappelé la réflexion de Théophile Gautier sur "l''utile"... Que "La Princesse de Clèves" soit indirectement réhabilitée par un homme comme Sarkozy, incarnation de la vulgarité et de "l''inculture people", est d''une ironie qui me ravit. Oui, j''ai lu l''oeuvre de Mme de la Fayette, quand j''étudiais la "littérature moderne" à la Sorbonne. Oui, j''ai aimé la transparence de la langue, capable de refléter l''opacité des sentiments. Et j''ai eu plaisir aussi à retrouver, dans "Le Bal du Comte d''Orgel" de Radiguet, un hommage empreint de génie à la "Princesse de Clèves"... Ce qui signe une grande oeuvre, quelle qu''elle soit, c''est qu''elle nous semble écrite par et pour nos contemporains. C''est le cas de Shakespeare (au sens où son oeuvre prend pour matière des pulsions, des cheminements du coeur qui sont universels), de Beckett également. De même qu''à l''autre bout du monde, dans l''archipel japonais, "Le Dit du Genji", écrit au début du XI° siècle, peut nous "parler" malgré sa totale étrangeté. Ne pas oublier non plus que beaucoup d''hommes et de femmes ont puisé l''énergie de survivre à l''innommable des camps d''extermination en se répétant des textes de poèmes qui les rattachaient à la beauté (c''est-à-dire : à la vie même), ou en composant des témoignages où la langue jouait un rôle primordial : cf. Primo Levi ("Si c''est un homme"), ou encore Germaine Tillion ("Le Verfügbar aux Enfers"). Merci, Monsieur Sarkozy, d''avoir fait lever chez les lecteurs français un ferment de résistance contre tout ce que vous et votre gouvernement représentez, et avant tout : le règne de la médiocrité et du mépris pour le beau et pour l''humain !:-)<br />
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D
<br /> De la lecture comme résistance à la médiocrité<br /> Bonjour Sheumas, j''ai beaucoup apprécié votre approche de la lecture. Merci de nous avoir rappelé la réflexion de Théophile Gautier sur "l''utile"... Que "La Princesse de Clèves" soit indirectement réhabilitée par un homme comme Sarkozy, incarnation de la vulgarité et de "l''inculture people", est d''une ironie qui me ravit. Oui, j''ai lu l''oeuvre de Mme de la Fayette, quand j''étudiais la "littérature moderne" à la Sorbonne. Oui, j''ai aimé la transparence de la langue, capable de refléter l''opacité des sentiments. Et j''ai eu plaisir aussi à retrouver, dans "Le Bal du Comte d''Orgel" de Radiguet, un hommage empreint de génie à la "Princesse de Clèves"... Ce qui signe une grande oeuvre, quelle qu''elle soit, c''est qu''elle nous semble écrite par et pour nos contemporains. C''est le cas de Shakespeare (au sens où son oeuvre prend pour matière des pulsions, des cheminements du coeur qui sont universels), de Beckett également. De même qu''à l''autre bout du monde, dans l''archipel japonais, "Le Dit du Genji", écrit au début du XI° siècle, peut nous "parler" malgré sa totale étrangeté. Ne pas oublier non plus que beaucoup d''hommes et de femmes ont puisé l''énergie de survivre à l''innommable des camps d''extermination en se répétant des textes de poèmes qui les rattachaient à la beauté (c''est-à-dire : à la vie même), ou en composant des témoignages où la langue jouait un rôle primordial : cf. Primo Levi ("Si c''est un homme"), ou encore Germaine Tillion ("Le Verfügbar aux Enfers"). Merci, Monsieur Sarkozy, d''avoir fait lever chez les lecteurs français un ferment de résistance contre tout ce que vous et votre gouvernement représentez, et avant tout : le règne de la médiocrité et du mépris pour le beau et pour l''humain !:-)<br />
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T
<br /> "Un champs si fertile soit-il ne peut être productif sans culture, et c''est la même chose pour l''humain sans enseignement." Ciceron. L''enseignement n''est-il pas un mode d''éducation qui permet de developper les connaissances d''un élève? Le Sarkothon 3 fait partie d''une "triologie" que j''ai posté sur le forum - Entre vous - à propos de la culture générale. Le Sarkothon 2 ,"La République" de Platon et la "Guerre des Gaules" me "parlaient" un peu plus (..."Ce que nous serions sans Rome et sans Athènes, n''est pas votre souci.") mais bon "La Princesse de Clèves" a fait un meilleur score. Mon idée était plutôt de proposer une "petite" reflexion philosophique sur ce que nous sommes. Que serions nous sans l''histoire, la Révolution française, la littérature, la philosophie, les sciences, les Grecs et les Romains??? Je pense à l''identité, l''identité culturelle d''un peuple et la notre n''était-elle pas enviable, il fut un temps. (Oups, j''ai osé...). J''ai vecu longtemps à l''étranger, j''ai amélioré ma culture personnelle avec mes connaissances et je continue de prendre le meilleur (pour moi) du monde sans a priori ni préjugé - mais "in fine" je reste ce que je suis. Humanitas.Quand à l''utilité de la culture pour la productivité et l''économie de notre pays... pourquoi pas "du pain et des jeux " sans oublier une petite pincée de religion sans spiritualité. (La République, les religions, l''espérance de N. Sarkosy- Scientologie, une secte ? non, une nouvelle religion). A propos de Fahrenheit 451 c''est pire. L''action se situe dans un monde futuriste où l''écriture est interdite, donc les livres... Vous imaginez ça ? Et les dissidents ne s''appellaient plus Pierre ou Paul, mais Victor Hugo, Dostoievsky, Shakespeare... Magnifique. La culture, la culture... appellons-l''a Antigone...."Et voilà. Sans la petite Antigone, c''est vrai, ils auraient tous été bien tranquilles. Mais maintenant, c''est fini. Ils sont tout de même tranquilles. Tous ceux qui avait à mourir sont morts. Ceux qui croyaient une chose, et puis ceux qui croyaient le contraire - même ceux qui ne croyaient rien et qui se sont trouvés pris dans l''histoire sans y rien comprendre. Morts pareils, tous, bien raides, bien inutiles, bien pourris. Et ceux qui vivent encore vont commencer tout doucement à les oublier et à confondre leurs noms. C''est fini. Antigone est calmée maintenant, nous ne sauront jamais de quelle fièvre. Son devoir lui est remis. (Jean Anouilh)<br />
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F
c'est savoir accepter de se remettre en cause pour aller, non dans la facilité, vers quelque chose que l'on ne connait pas, qui peut-être destabilisantbin , c'est comme la musique ..., non ?..sortir des artistes français(?) "installés "qui sortent régulièrement les mêmes m ....disques ....
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B
ceci est une bien grande question, et qui peut en avoir la clé ?Personnellement, je crois "qu'apprendre ses classiques" a à voir avec un certain niveau d'exigence, de capacité à se concentrer, à forger son mental par l'expression écrite et la culture.Sans vouloir être manichéenne, nous entamons une ère de "facilité", de tout "maché", tournée sociologiquement vers le consommable jettable: quand on est bercé par la TV et les jeux vidéo, comment peut on développer son activité cérébrale sur la lecture, qui plus est des "classiques".... c'est même probablement une question d'activité de zones cérébrales : certaines se développent au détriment d'autres.... qui sait ?
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