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Tabous

Publié le par Eric Bertrand

              « Journal du 9.08 (suite) : Autre scène modifiée par rapport à la scène initiale : celle de la confrontation avec Carolina et Francesca. Il faut montrer davantage l’importance qu’on ces deux femmes sur les jeunes du village. Elles incarnent une forme d’autorité et les adolescents ont à cœur de leur parler et de leur expliquer leur évolution.
              Le contact avec « l’Americana » est l’occasion de souligner la méfiance sicilienne à l’égard de l’étrangère même si les deux femmes ont une forme de tolérance elles ne parviennent pas à se libérer des tabous dont elles sont la voix..."
 
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Altri turisti americani...
 
Rubrique Goncourt :
Quelques questions à Christophe Bataille
 
Comment avez-vous réagi à la sélection Goncourt ?
J’étais content.
Le titre de votre roman, Quartier général du bruit, est-il un titre polémique ?
Ce titre m’a été donné par Kafka, dans son Journal, il évoque un épisode à 16-17 ans et il se plaint de sa famille, de sa sœur qui fait trop de bruit. Sa famille est désignée ainsi « Quartier général du bruit ».
La vie de Bernard Grasset est celle d’un fou, d’un éditeur passé en maisons de repos et soumis à des électrochocs, thérapie de l’époque. C’est quelqu’un qui a la passion du livre, mais qui est capable d’éditer Proust et Hitler.
L’édition est un petit métier, Gallimard doit rassembler peut-être 200 personnes. Ces gens qui font des livres luttent contre le temps, les images. Ils ne sont pas écoutés dans un monde dominé par les images, le cinéma, la télévision.
 
Pourquoi prendre comme cadre une maison d’édition, et qui, plus est, la vôtre ?
C’est un moyen de montrer la maison d’édition de l’intérieur et de faire le récit de la folie qui va avec, des rêves de « richesse » dans l’édition. J’ai eu la volonté de raconter les coulisses, comme dans L’Envers du Paradis. Ce n’est pas seulement un livre sur l’édition mais sur l’amour des livres. C’est un combat de mots, une sorte de guerre.
Avant, je travaillais chez L’Oréal, à Londres, pour les parfums Cacharel. J’ai été confronté à la difficulté du travail en entreprise, où la pression s’exerce en terme de ventes, d’où un sentiment de dictature. L’édition, c’est un métier récent. Au XIXème siècle, il y avait des auteurs, et des imprimeurs. Aujourd’hui, l’édition est devenue un métier avec du marketing, des chiffres de vente… Des choses belles et des choses laides.
 
Pourquoi votre personnage mange-t-il du papier ?
Cela vient des Illusions perdues de Balzac, dans lequel il y a un épisode où il raconte comment un secrétaire mangeait des petites bandelettes de papier, jusqu’au jour où il a mangé un traité de paix entre la Norvège et la Russie !
Quand on aime les livres, vraiment, ils sont parfois bouleversants, ils changent notre vie et on peut en crever. Dans l’Apocalypse selon Saint-Jean, il y a déjà une place accordée au livre.
 
Dans votre ouvrage, vous dites que Bernard Grasset est un amoureux des livres, et pourtant, on constate que son obsession est de vendre.
Grasset disait que la littérature c’était l’électricité+ les mots. Les éditeurs aujourd’hui cherchent à faire des trucs compliqués : vendre et publier aussi les livres que l’on aime.
Les éditeurs font dix livres qu’ils aiment, en gros, et vivent avec un livre. Celui qui se vend alimente les autres.
 
Vous avez un style d’écriture assez particulier.
Je suis encore dans une recherche formelle. C’est plus difficile, et j’ai perdu pas mal de lecteur, mais sinon, on a l’impression d’être un auteur du XIXème. J’ai un désir très littéraire, je cherche à travailler la langue. Tout ne s’arrête pas à Verlaine et Eluard. Je défends l’idée que le combat esthétique n’est pas mort.
En quoi votre livre est-il un roman et non une biographie ?
La nuit, je lis des polars. Un des livres qui m’a impressionné, c’est Le Dahlia noir de James Ellroy, qui raconte l’enquête policière qui suit la découverte d’un cadavre de femme lacéré et coupé en deux. Il s’agit de l’histoire arrivée à la mère de l’écrivain, mais Ellroy en donne une version romanesque. Plus tard, il écrit Ma part d’ombre qui est cette fois-ci la version- récit.
 
Réaction de collègue :
Audouard est un type délicieux. Il y a une chose qu'il a dite et que 
j'ai beaucoup aimée : que le travail de l'écrivain le faisait 
"appartenir à la communauté des hommes". Il a précisé que ce sentiment 
avait été le plus intense pour lui quand il avait publié un bouquin 
resté assez confidentiel mais qui lui avait valu un très abondant 
courrier : La maison au bord du monde, un ouvrage (de quelle nature, 
je ne sais pas) autour des services de soins palliatifs.
A la question : Quel effet cela vous a-t-il fait d'être selectionné 
pour le Goncourt, il a répondu : "J'étais content. J'ai téléphoné à ma 
maman". Sourire. ça n'avait rien de mièvre. Il a farouchement récusé 
l'idée que le roman pouvait donner une morale (Pitié ! a-t-il dit). En 
fait c'est lui qui a le plus  orienté le débat vers le rôle de 
l'écrivain et la nécessité d'une coïncidence entre la forme et le 
sujet. Et puis toutes ses dédicaces étaient différentes et pesées.
Annick, question semi-malveillante : Bataille vous a-t-il parlé de Loréal ?
Si quelqu'un se sent de transmettre de la même manière que Babette ses 
notes sur Schneider ou un autre, je pense qu'il y aura preneur !
Bonne soirée à tous,
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