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La manie des apologues

Publié le par Eric Bertrand

Suite du journal du 9.08 : « Scène de commedia dell’arte ! Francesca et Carolina essaient de faire entendre raison à Gigi et, par désespoir de cause finissent par se réfugier dans les paroles de la chanson « Gigi l’Amoroso » dont elles commentent le destin…
              Selon un mécanisme bien rôdé, elles tirent parti de l’histoire dont elles font un nouvel apologue. C’est cette tendance à créer des fables et à les adapter pour un jeune public qui les caractérise le plus. Celle qu’elles ont agressée en voulant « protéger leur Gigi », Gilda, ne manque pas de leur signaler ce ridicule, ce qui durcit la fin de la scène… »

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Una ragazza da girare la testa !

Rubrique Goncourt :
 
Je reproduis ce matin la suite des notes d’une collègue qui a assisté à une série de rencontres. Je note avant cela l’adresse de notre blog au lycée de Loudéac : les élèves peuvent enfin y accéder librement. Cela flottait depuis un certain temps mais posait des difficultés de tous ordres. Il a fallu notamment s’efforcer d’anticiper les diverses difficultés ou déconvenues liées à ce type d’expérience… Voir ci-dessous « réaction de collègue » !... Longue vie au blog !
 
 
Notes prises lors de la rencontre à Marseille, le 3 Octobre
 
Auteurs rencontrés : Antoine Audouard, Camille Laurens,
Michel Schneider
 
Questions posées à Michel Schneider :
 
-Quelles ont été vos motivations pour écrire un roman sur Marilyn et comment avez-vous effectué vos recherches ?
Marilyn n’était pas mon genre. C’est au cours d’une enquête réalisée il y a quelques années pour Arte que j’ai découvert les rapports entre la psychanalyse et le cinéma dans les années 40 et 50. Je suis tombé sur l’histoire de Marilyn et Ralph Greenson et j’ai eu envie d’écrire sur cette folie à deux qui s’est nouée entre eux. Certes les personnages sont réels, mais ils sont traités comme s’ils étaient inventés. Ce sont des personnages de roman.
 
-Le rapport entre mot et image est-il conflictuel ?
Le mot image est à mettre en relation avec l’image de l’angle mort quand on est en voiture. C’est le point de vue de la littérature et de la psychanalyse : écrire sur ce qu’on ne voit pas. Les mots doivent être détachés des images. Le travail de l’écrivain c’est chercher des images à travers des mots. Pensez à Flaubert qui a écrit cette œuvre magnifique qui est Salammbô pour trouver la couleur oranger.
(…)Ce n’est pas le psychanalyste qui a écrit l’histoire. J’ai le sentiment d’une imposture de me dire écrivain. C’est plutôt l’auteur saisi par le sentiment de la disparition. Les livres sortent de notre inconscient. J’ai choisi le roman parce qu’il permet de maintenir le non-savoir. (par opposition à l’essai qui cherche à savoir)
 
-Comment avez-vous eu accès à autant d’informations précises ?
Je n’ai pas pu avoir accès à un certains nombre de documents qui sont interdits d’accès pendant 40 ans encore. Ralph Greenson a laissé ses notes à l’université de L.A. mais ces dossiers sont inaccessibles. J’ai donc travaillé sur des textes de seconde main, des biographies existantes. J’ai, par exemple, déplacé certains des propos de M. sur une séance avec son psy. Même chose pour Greenson. Dans tous les cas je réinterprète les choses, je ne les livre pas brutes. Rien n’est strictement exact, mais rien n’est strictement faux.
 
-Avez-vous inventé le cadeau à M. ?
Greenson fait tout ce qu’il ne faut pas faire avec un malade (le faire entrer dans sa famille etc…) Quand il part en Europe, il abandonne M. qui dérive (alcool, drogue). J’ai ajouté un élément : celui du cadeau parce que j’ai pensé qu’il aurait pu envoyer un jouet en peluche à M. pour son anniversaire. En fait, ce jouet a été retrouvé et j’ai imaginé que G. aurait pu l’envoyer à M.
 
-Que recherchez-vous dans l’écriture d’un livre ? Qu’est-ce que cela vous apporte sur le plan personnel ?
On ne choisit pas d’écrire ce livre-là: on est forcé à écrire. Ecrire pour être aimé c’est inefficace. On écrit pour être porté par la langue maternelle . Mon premier livre, je l’ai écrit pour ma mère. On a le désir de rattraper l’amour qui n’est jamais là.
Le but, c’est de raconter des histoires. Le lecteur est plus intelligent que l’auteur. Il ne faut pas anticiper sur ses interventions. L’auteur raconte, montre des choses. Les livres, comme les êtres, sont faits pour être aimés et non compris : plus on aime quelqu’un, moins on le comprend et plus on le comprend, moins on l’aime. Le roman, c’est la zone des ambiguïtés, ou tous les possibles coïncident.
En écrivant M.d.s., j’ai découvert que M. n’était pas du tout la ravissante idiote qu’on montrait, mais que c’était une fille extrêmement intelligente, avec le sens de la formule, de la répartie.
 
-Quelle est votre intime conviction sur la mort de M. ?
Je n’ai pas écrit une enquête sur la mort de M. On ne saura jamais si elle a été tuée et je ne peux pas savoir ce qui l’a réellement tuée. La psychanalyse l’a fragilisée, mais ses rapports avec le pouvoir et la politique également. Même la thèse du suicide il fallait l’effacer
 
-On a l’impression que vous critiquez votre propre métier. Avez-vous des doutes sur la psychanalyse ?
Je n’ai pas voulu régler des comptes avec moi-même ni avec mes propres collègues. Mais on exerce un métier en étant soumis au doute et je pense que Ralph Greenson est constamment intervenu dans la vie de M. ( dans ses choix personnels et professionnels) qu’il montre ainsi le danger de la situation psychanalytique à travers le transfert.
 
-Pouvez-vous nous éclairer sur la chronologie de M. ?
Le roman commence et se termine par la mort de M. Entre les deux, des flash back et des flash forward qui viennent apporter des explications. Cette structure ressemble à la fois au montage cinématographique et à une séance de psychanalyse. La temporalité de l’inconscient est une juxtaposition de temps.
 
-Etes-vous dépendant de l’écriture ?
Ce n’est pas de l’ordre de la drogue…Ecrire, ce n’est pas un métier, mais ça ressemble à une maladie dont on ne guérit pas. Certains cessent de publier mais pas d’écrire. Le seul moyen de se débarrasser d’un livre, c’est d’en écrire un après.
 
Réactions de collègue : Créer un blog sur le Goncourt ! Difficile entreprise !
Je ne résiste pas au plaisir de vous faire profiter de la prose de mon 
pro adjoint :
**J'avais insisté  sur le contrôle à priori par vous même des messages 
publiés, dont vous même en avez convenu, hors dés mon premier essai 
j'ai publié un message en direct avec un contenu fantaisiste. C'est 
pourquoi sans plus attendre,  mais tout en informant l'assistant informatique] de la raison, j'ai interrompu ce 
forum. Nous ne pouvons supporter l'utilisation d'un site en ligne pour 
lequel n'importe qui peut publier n'importe quoi en direct. La 
responsabilité de l'établissement est engagée directement et ce n'est 
pas acceptable. Que pourrais-je répondre à un collègue mis en cause 
par un éventuel message ? un propos raciste ? Si cela devait arriver 
vous ne seriez pas la première mise en cause. Les risques inhérents au 
fonctionnement d'un établissement tel que le nôtre sont suffisamment 
nombreux, pour ne pas en ajouter  d'inutiles.
Néanmoins lorsque vous aurez trouvé les solutions techniques adaptées 
au contrôle à priori des messages, n'hésitez pas à venir me soumettre 
ce nouveau projet. Contrairement à ce que vous semblez exprimer je 
l'examinerais de manière bienveillante.**
 
 
Bonsoir, au Mans aussi c'est parti!
J'ai été surprise de voir avec quelle bonne volonté les élèves jouent le
jeu. Nous avons eu une première série de livres dès le 6 septembre. Certains
sont donc à leur septième livre...Les parents regrettent de ne pouvoir
participer plus. Nous avons un café littéraire jeudi, le 14 nous rencontrons
Valléjo et Audouard à la Fnac, le 19 direction Nantes là encore nous
auraonsla chance de rencontrer des auteurs et le 24 nous rencontrons des
lecteurs de la médiathèque pour échanger autour des oeuvres. Beaucoup de mes
collègues sont enthousiastes et je suis pour l'instant littéralement portée
par toute l'énergie des uns et des autres.
Certains parents ont été un peu bousculés par la teneur de certains des
livres  mais sans émettre de propos trop réprobateurs...
 
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