Une troupe de St Brieuc proposait mardi, dans le cadre de la
semaine de la santé, une forme intelligente de réflexion sur les thèmes sensibles
pour les adolescents… La consommation de produits illicites, l’incompréhension des parents, les
phénomènes de bande, les violences diverses… Guidés par leur metteur en scène, quatre jeunes comédiens devaient jouer dans un premier
temps une série de scènes mettant en perspective ces sujets-là. Puis, dans un deuxième temps, proposer au public (« spect-acteur ») d’intervenir dans le scénario afin d’en modifier le sens et d’ouvrir le débat.
Ce principe s’inspire directement de la
pratique mise en vogue par le Brésilien Augusto Boal qui, dans les années 70, a popularisé ce type de
spectacle de rue afin d’éveiller la conscience politique de l’opprimé (dans des pays régis par des dictatures)… Voir à ce sujet, son ouvrage « le théâtre de l’Opprimé »
De la même façon, dans le prologue du Ponton, les Befana mettent à disposition des adolescents un scénario, celui
d’Angelika… et un thème… Celui du désir amoureux… Dans la suite de la pièce, Gigi ne se gène pas pour intervenir et donner sa propre version des
faits. Même si les deux commères n’apprécient pas, on en est là, et c’est bien l’une des valeurs du spectacle de rue ! On trouve le thème au
moins à deux reprises dans son discours, d’abord à l’acte 1, puis à l’acte 2 :
Extrait acte 1 : « (…) Gigi :
Tiziana, Lauredana, Ornella, modèles de sagesse et de bon comportement ! Les parangons de vertu !... Tu vas voir ! On va les mettre à l’épreuve ! Secouer leurs
principes !... Tu te souviens de l’histoire de la Beffana sotto le stelle ? On va faire tomber les armures !... Moi, c’est comme ça que je la comprends la légende
d’Angelika ! Crois-moi, j’ai l’œil américain ! Le radeau d’Angelika dérive en ce moment au large de Torremuzza, et il ne faut pas le laisser passer ! (…)
Extrait acte 2 : « (…) Francesca : c’est pourtant la voix
de la sagesse, mon enfant !
Gigi : j’avoue que j’ai aussi du mal !... D’autant que
j’avais cru comprendre exactement le contraire dans l’histoire que vous nous avez racontée pendant votre dernier spectacle Porta Messina…
Carolina : il ne faut jamais confondre les histoires avec la
réalité, mon petit, jamais !... Les histoires offrent du rêve à bon marché, il faut juste savoir les écouter.
Gigi : si les jeunes ne sont capables que d’écouter et de
répéter les mêmes histoires, alors, ça sert à rien ! Vous pouvez remballer la marchandise !... Avec des gens comme vous, le pays est condamné à se figer dans la céramique !
(…) »
Non è ceramica la vità ! Non si puo amare con sapienza !