Article du mois : Maupassant : de « la parure » aux « Bijoux », un cheminement inverse et du « Bal des têtes » au « Masque »
La notoriété de ce conte de Maupassant intitulé « la Parure » n’est plus à faire et le lecteur (ou le spectateur) se souvient probablement de cette histoire atroce et cruelle d’une femme qui, pour briller dans un bal, avait demandé à son amie de lui prêter un beau bijou qu’elle a malencontreusement perdu.
Alors commence le long et patient combat de la malheureuse pour rembourser « la parure » jusqu’au jour où, à bout de force, elle apprend que la parure était fausse. Dans le conte « les bijoux » (extrait du recueil « Clair de lune ») c’est le contraire. Un mari considère comme un caprice léger de sa femme la quantité de bijoux fantaisie qu’elle accumule dans son existence. Jusqu’au jour où, après son décès, il décide de revendre « les breloques ».
Après expertise, il découvre que tout ce toc vaut de l’or et que sa femme a reçu en cadeau, probablement d’un amant pâmé, cette parure sans cesse régénérée !
J’avais consacré dans ce blog une série d’articles aux fameux « bal des têtes » de la Recherche du Temps perdu dans lequel Proust examine les « dégats » que le Temps a opérés sur les visages de ceux qu’il a connus bien des années plus tôt.
J’y ai repensé en relisant cette nouvelle de Maupassant intitulée « le masque » qu’on trouve dans le recueil « l’Inutile beauté ». Il raconte l’histoire incroyable de cet individu, forcené des bals, qui danse obstinément « jusqu’au bout de la nuit » avec cet éternel sourire et l’aisance d’une « mécanique » parfaitement rôdée.
Mais un soir, il s’effondre sur la piste de danse et le docteur qui vient le secourir s’aperçoit que le danseur porte une combinaison intégrale qui lui colle à la peau, au visage, au cou, dissimulant soigneusement « l’envers du décor »... Car, en coulisses, sous le collant fringant et éternellement souriant, c’est le naufrage d’un octogénaire qui ne veut pas raccrocher les gants du galant.