Du rapport entre Charles Burns et « L’Organisme »
En parlant avec une lectrice au récent salon du livre de La Rochelle, cette dernière me signalait l’univers de BD d’un certain Charles Burns dont les insectes kafkaïens auraient très bien pu inspirer les bestioles que l’on rencontre dans « L’Organisme ».
Cependant, cet univers me paraît beaucoup plus noir que le mien dans la mesure où, chez Burns, tout semble obstinément bouché et sinistre.
Je laisse le lecteur établir la proximité et l’étrange « correspondance » entre ces deux illustrations.
Je l’affirme sans gloriole, mais avec une pointe de satisfaction : j’ai très vite acquis une aisance désopilante. Je jongle avec les métamorphoses.
Je cumule la légèreté de la demoiselle, la souplesse de l’araignée, et la stupeur de la tique. Je pends à mes fils de soie, passe et plonge, lâche les pattes en ressorts, tombe à pic, bondis, bombille, bombarde, bouscule, file et fuse, saute et zigzague. J’ai la danse de Saint Guy.
En société, je ne tiens pas en place. Je suis un insecte du zapping. J’ai la furie de la culotte, des corsages et des falzars. N’allez pas dire que c’est du vice ! Je suis purement et simplement un insecte qui suit son instinct et se nourrit de sang et de chair tiède !
On ne refait pas sa nature ! J’aime le contact à la chair crue. La chair crue alimente mon abdomen et ma mémoire. Ma matière grise est boulimique de matière rouge et rose. Avant, j’avais un appétit monstre, désormais je suis un monstre d’appétit. Je suis un infiniment petit et je campe sur l’épiderme. Je me goinfre de sang frais, de chair tendre et de pilosité, et la substance tiède que j’avale affole mon imagination. Je touche, je zappe, je touche, je zappe. L’Organisme (III.3)