Expo Bardot à Saint-Tropez, et Dieu créa la Femme (1/2)
J’aime les mythes et ce que Roland Barthes appelle les « mythologies », à savoir ces figures contemporaines porteuses d’une nouveauté foudroyante à l’époque où il écrit son livre : la DS, le visage de Garbo, l’abbé Pierre…
Nous ne sommes plus en 60 (les « Mythologies » datent de 1957) mais, en ce temps de nostalgie qui caractérise notre époque, certaines figures ont augmenté leur potentiel de légende. Bardot incarne l’une de ces légendes… et l’exposition qui lui est consacrée jusqu’au 31 octobre prochain à Saint-Tropez va bien dans ce sens.
La cité de Saint-Tropez, sertie entre mer et montagne, est un berceau idéal pour entretenir le rêve. Les grands yachts qui oscillent sur tout l’horizon de la baie projettent leur part d’artifice et de paillettes sur le village enluminé. Village de l’origine, (en cela je lui trouve un côté Cefalu en Sicile, village de pêcheurs immortalisé dans « Cinema Paradiso »), village de carte postale, rusticité des façades, petits pans de murs qu’on croirait colorés par le pinceau d’un aquarelliste inspiré, silhouette bien tracée d’un décor de cinéma, « Et Dieu créa la femme »...
L’impertinence de BB dans les rues endormies à la fin des années 60… Le soleil de ses cheveux blonds qui brûle le goudron, qui fait passer l’électricité dans les masures, qui enflamme les mâts des bateaux. Saint-Tropez s’allume, Saint Tropez s’électrise, Saint-Tropez rayonne. Chargées à bloc par la chaleur de l’été, les cigales disjonctent aux limites du port, et les couleurs de la mer jettent un éclat bleu sur les mailles des ruelles où s’exhibent la pelote de fils dénudés de la Frime : yachts, bolides, motos, sappes…