La Locandiera de Goldoni, un cœur diabolique dans une prison dorée (2/5)
Aucun d’eux ne résiste longtemps au charme ravageur de la belle Florentine qui constate cependant que seul le Chevalier a décidé de lui résister. Perché sur ses grandes bottes, ce dernier parade et méprise ses voisins aveuglés par une misérable femme « qui leur fait perdre tout leur sang froid ». Sous le cuir du noble voyageur tout en cape et en formules, l’homme semble définitivement endurci : « J’ai toujours pensé que la femme est pour l’homme une insupportable infirmité », ou « j’y ai plusieurs fois songé mais quand je considère que, pour avoir des enfants, il me faudrait supporter une femme, l’envie m’en passe aussitôt ».
Piquée au vif, et, comme « insultée » elle-même par la vigueur des propos, elle se lance le défi de l’humilier, et, par la même occasion, d’être une vengeresse et de « vaincre, abattre et mettre en pièces ces cœurs durs et barbares qui sont nos ennemis à nous autres femmes qui sommes ce que la bonne mère nature a produit de meilleur au monde ». Unité de temps oblige, il ne lui faudra pas plus d’une journée pour en venir à bout et réaliser ses ambitions de conquête ! « Quel est l’homme capable de résister à une femme quand il lui laisse le temps d’user de tout son art. »