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La « The Nana » et la Vénus décatie (3/4)

Publié le par Eric Bertrand

Highlands1 (115) [1600x1200]

 

               Je terminerai par des références à d’autres auteurs de l’époque de Zola pour montrer comment la « circulation entre les textes » peut être riche en enseignements divers, commençons par une autre forme de la « mouche d’or » : « le vampire » de Baudelaire

 

La femme cependant, de sa bouche de fraise,
En se tordant ainsi qu'un serpent sur la braise,
Et pétrissant ses seins sur le fer de son busc,
Laissait couler ces mots tout imprégnés de musc :
" Moi, j'ai la lèvre humide, et je sais la science
De perdre au fond d'un lit l'antique conscience.
Je sèche tous les pleurs sur mes seins triomphants,
Et fais rire les vieux du rire des enfants.
Je remplace, pour qui me voit nue et sans voiles,
La lune, le soleil, le ciel et les étoiles !
Je suis, mon cher savant, si docte aux Voluptés,
Lorsque j'étouffe un homme en mes bras redoutés,
Ou lorsque j'abandonne aux morsures mon buste,
Timide et libertine, et fragile et robuste,
Que sur ces matelas qui se pâment d'émoi,
Les anges impuissants se damneraient pour moi ! "

Quand elle eut de mes os sucé toute la moelle,
Et que languissamment je me tournai vers elle
Pour lui rendre un baiser d'amour, je ne vis plus
Qu'une outre aux flancs gluants, toute pleine de pus !
Je fermai les deux yeux, dans ma froide épouvante,
Et quand je les rouvris à la clarté vivante,
A mes côtés, au lieu du mannequin puissant
Qui semblait avoir fait provision de sang,
Tremblaient confusément des débris de squelette,
Qui d'eux-mêmes rendaient le cri d'une girouette
Ou d'une enseigne, au bout d'une tringle de fer,
Que balance le vent pendant les nuits d'hiver.

     Charles Baudelaire

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A
<br /> Un cauchemar! Il y a des moments où la poésie ne fait pas rêver du tout...( mais ne laisse pas non plus indifférent, le dégoût provoqué est toujours une émotion!)<br />
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E
<br /> <br /> Le dénouement de Nana, "jetée sur le lit comme une pelletée de boue" est en effet cauchemardesque !<br /> <br /> <br /> <br />
J
<br /> "elle fait rire les vieux du rire des enfants" ! il s'agit bien en effet de tous ces grands bourgeois et aristocrates qui se traînent devant Nana afin qu'elle ne les abandonne pas ! "la mouche<br /> d'or"... quelle trouvaille !<br />
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