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Le retour de René Frégni

Publié le par Eric Bertrand

              J’ai déjà à maintes reprises consacré des articles dans ce blog à René Frégni qui est, en même temps qu’un écrivain que j’apprécie beaucoup, un ami. Il y a même sur you tube deux vidéos qui retransmettent « l’interview » improvisée chez lui, à Manosque.

              Un article dans « Télérama » vient d’attirer mon attention sur ce roman qui vient de sortir et dont j’ignorais l’existence (la rencontre à Manosque n’a pu se faire cet été suite à un malencontreux malentendu). Je viens de commander l’ouvrage et je promets d’en fournir le plus vite possible une synthèse personnelle ici même. En attendant, je livre ici l’article de Télérama qui souligne les qualités intrinsèques de l’écrivain. (J’en souligne les points pertinents)

 

Une fin d'octobre, René Frégni se met à table. Cahier, stylo plume, encre noire. Aujourd'hui encore, il ignore - dédaigne - le matériel informatique. Sa fille, que ses lecteurs ont rencontrée dans quelques-uns de ses précédents livres, vient d'avoir 18 ans. Le bel âge pour voler de ses propres ailes. Mais partir, c'est contraindre le père à la solitude - à l'écriture ? Dans un silence qui désormais l'envahit - il dit « vivre avec le silence » comme on dit vivre avec une personne - René Frégni habille de mots doux les riens des jours. La Fiancée des corbeaux est le douzième ouvrage de l'écrivain. Une sorte de journal, intime forcément, qui court de l'automne au printemps. L'auteur prend soin de noter les dates (27 octobre, 19 février ou 13 juin), mais n'indique pas l'année. Qu'importe, c'était hier, ou il y a dix ans, c'est toujours cuisant.

L'homme se met à nu, ce n'est guère la première fois. Depuis ses débuts, en 1988, toute son œuvre (1), même baptisée roman, raconte son époque, ses aventures, bonheurs et malheurs. René Frégni est lui-même un personnage de roman. Il est son propre personnage, une mine d'or... noir. Parfois à peine dissimulé ou, au contraire, comme aujourd'hui, héros pour de vrai. Mieux encore : un antihéros, un homme à bout de souffle, père meurtri mais écrivain au mieux de sa forme, qui cherche une réconciliation avec la vie et la trouve avec les mots : « Rien que le plaisir d'attraper un souvenir, une lumière, un peu de vie. [...] Ecrire au fil de l'eau, des saisons, de presque rien. » Avec une nouvelle liberté, celle qu'impose la solitude, une espèce de réclusion volontaire.

La destinée de l'écrivain peut se lire rien qu'à travers les titres de ses ouvrages, romans d'amour ou romans noirs, tous trempés d'une sourde mélancolie, poésie des brumes et fougue libertaire : Les Chemins noirs, Tendresse des loups, Le Voleur d'innocence, Où se perdent les hommes, et le magnifique Elle danse dans le noir, hymne absolu à la mère disparue, et tant d'autres encore, marqués de cris de révolte, Lettre à mes tueurs, Tu tomberas avec la nuit...

Dans La Fiancée des corbeaux se mêlent des images de l'enfance, celle de la fille envolée, et la sienne - ivresse de la jeunesse. Surgit encore une fois cette mère tant aimée à qui il rend visite au cimetière, à la nuit tombée : « Maintenant que ma mère est ici, c'est l'endroit le plus rassurant de la terre, même à minuit. Mortes, nos mères veillent encore sur nous. »

 

 

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L
<br /> <br /> Pourquoi, lorsque j'ai lu cet article dans Télérama, ai-je pensé que tu allais le commenter ? Mais je triche un peu car j'avais eu le plaisir de t'accompagner lors de cette rencontre à St Malo et<br /> je me souviens encore de l'air estomaqué de René Frégni lorsqu'il avait vu nos élèves habillés en "voyous". En tous les cas cette interview en trois parties est un vrai bonheur et cet homme est<br /> vraiment très riche d'une profonde humanité, de passion et de bonté. Mais cela je le savais aussi au travers de ce qu'il nous avait raconté ce jour là à Etonnants voyageurs  Il méritait bien<br /> d'y être invité.<br /> <br /> <br /> <br />
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E
<br /> <br /> Tu as raison Liliane, quel moment fort que cette rencontre et la capacité qu'il a eue de laisser "captifs" nos "voyous" en cavale !<br /> <br /> <br /> <br />
J
<br /> <br /> Il me tarde de lire ce nouveau roman!à travrers tout ce que tu m'as dit , Eric c'est effectivement un personnage très attachant , qui se ressemble s'assemble!!<br /> <br /> <br />  mille baisers de Maw<br /> <br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> un grand moment que cette rencontre ! tout a débuté par un courrier que je lui avait envoyé pour lui dire mes sentiments sur ses différents livres... comment avais-je son adresse<br /> ? contre toute attente, il a répondu à ce courrier et une petite correspondance a débuté, ce qui nous a conduit à le rencontrer à Manosque !<br /> <br /> <br /> c'est un belle rencontre et je pense pouvoir affirmer qu'elle a autant compté pour toi, Eric, en tant qu'auteur, que pour lui !<br /> <br /> <br /> Je suis heureuse de pouvoir lire prochainement son dernier livre !<br /> <br /> <br /> <br />
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A
<br /> <br /> "L'écriture permet d'allèger une souffrance". C'est très émouvant ce qu'il dit , cet auteur!<br /> <br /> <br /> <br />
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