« Les Ritals » (3/8) : Le mouchoir.
Il finissait toujours par apparaître sur la scène, le mouchoir ! Exactement comme celui du père Cavanna ! Un vrai rideau de scène ! Je te regardais toujours quand tu marchais et t’arrêtais brusquement, ou quand tu revenais de l’une de tes courses épiques à vélo.
Du fond de l’une des profondes poches de tes pantalons en velours, tu sortais un immense mouchoir que tu déployais, comme un magicien qui veut faire s’envoler une colombe. Tu trompettais dans le tissu à carreaux, trois ou quatre grands coups scandés par de grands espaces de reniflement.
Puis tu ouvrais à nouveau les yeux, t’essuyais le petit coin de larme jaillie dans l’effort et repliais avec précaution le mouchoir, un côté, puis un autre. Je me croyais en face d’un régiment, et j’avais l’impression que tu me montrais comment on fait son lit pour ne pas se faire punir par l’adjudant qui va venir juger de la coupe orthodoxe du drap.