Mai 68 et les tigres en papier de l’Education Sentimentale
On se souvient peut-être de l’un de ces grands classiques de Flaubert qui, mieux que Madame Bovary, interroge l’Histoire et la part jouée par les jeunes romantiques dans les soubresauts révolutionnaires.
Le héros de l’Education sentimentale est ironiquement un « anti-héros », un de ces chevaliers blancs qu’on dirait tout droit sorti des pages des livres du couvent que la jeune Emma enfourchait avec avidité dans son jeune temps. Il s’appelle Frédéric, il prend des pauses et passe sa vie à rêver sa vie, à rêver la passion.
Dans « Répliques », l’émission d’Alain Finkelkraut que j’écoute volontiers le samedi matin, je l’entendais faire un intéressant rapprochement entre les analyses fournies par Flaubert à propos de la révolution de 1848 et la réalité des événements de mai 1968. Le roman fournit notamment le tableau d’une jeunesse souvent en représentation, ivre de l’occasion donnée d’enfiler le costume de héros pour défiler dans le Présent.
C’est aussi de cette façon qu’Olivier Rolin dans son livre, souvent cité dans ce blog, évoque ceux qu’il appelle « les tigres en papier », ceux qui ne sont pas à l’échelle de leurs modèles... Mais Tigre en papier va même plus loin car il constitue l’autobiographie à peine remaniée d’un ex-leader révolutionnaire qui joue dans l’auto-dérision.
Aspirés par cette spirale du mensonge, ils se demandaient de temps en temps si c’était bien ça, la Révolution pour laquelle ils avaient plaqué familles et études, la Révolution dont ils avaient cru qu’elle manifestait la vérité du monde, qu’elle était le Grand Révélateur.
Tigre en
papier, chapitre 2