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Nolwenn Leroy et la ville engloutie (2/2)

Publié le par Eric Bertrand

 

 

Vêtue comme Gaud à la Croix des Veuves, Nolwenn Leroy est mélancolique et rêveuse quand elle chante « Juste pour me souvenir ». Elle entre dans la chapelle, lève les yeux vers l’ex-voto, se met à danser, époussette la maquette, fait voltiger la dentelle de Quimper. Charmant rituel païen d’une « fille de l’air » qui oppose à l’océan harpie sa belle voix de harpe. Un peu fée, un peu korrigane, elle descend à la plage. Sa longue robe est une voile noire, elle est Iseut et, tout au fond de l’horizon, entr’aperçoit Tristan. Derrière elle, les vieux pêcheurs couvent d’un œil goguenard cette folle jeune femme inconsolable, incapable de se remarier.

Elle passe sans les regarder, « la vraie vie est ailleurs ». Réconciliée avec l’océan, avance vers le flot, baisse les yeux, frissons d’eau sur les noires bottines brodées d’écume. Murmure des sirènes, des voix sous la mer. Sourire en coin, ferme les grands yeux verts couleur de marée, entend peut-être au loin la rumeur de l’antique cité d’Ys. Referme la grande porte de la vie, entrouvre les lèvres rose carmin, perçoit les lueurs dans les flots et l’ironique flux et reflux électrique. Frange d’écume découpant les chevilles, dentelle de Cornouailles froissant le mollet, la mer monte doucement, sournoisement en ce beau soir d’été. Se penche au-dessus du miroir d’eau, laisse son offrande. Sa robe est une grande algue brune, la voile d’un esquif sous-marin. Au fil de l’eau, et malgré la poussière sur les mâts, la frêle goélette dérobée à la chapelle se met désormais à voguer.

Ainsi « aux filles de l’eau » nous embarque, vers cette « Ahès », titre d’une autre chanson que Nolwenn chante en breton dans l’album. Ahès, c’est aussi la légendaire Dahud, fille du roi Gradlon et de la magicienne Malgvenn. Celle qui a précipité sous les flots la rutilante cité d’Ys, qui ne peut plus revenir en arrière, et qui disparaît au milieu des rues illuminées et des bâtiments de marbre. Si la goélette s’avance suffisamment dans la nuit noire de la mer, sa voile tremblera peut-être de sentir sous la coque s’allumer encore les lumières fantastiques de la ville engloutie. 

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J
<br /> sublime...<br />
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A
<br /> Difficile d'écrire un commentaire à la hauteur de ce joli texte. Alors je passe le relais à Julien Clerc, il va faire ça très bien, tu vas voir<br /> <br /> <br /> "D'entendre sonner le tocsin<br /> Quand les femmes attendent pour rien<br /> Quand le phare se jette au temps<br /> Tu apprendras le goût du vent<br /> Pour oublier"<br /> <br /> <br /> ( "les menhirs")<br />
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E
<br /> <br /> Sublime commentaire d'une chanson dont tu sais à quel point elle compte...<br /> <br /> <br /> <br />