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Réveil proustien

Publié le par Eric Bertrand

          Et pour terminer cet hommage à Proust, un extrait qui relate l’un de ces nombreux éveils de la conscience, si présents dans la Recherche, dans la mesure où ils donnent le branle à l’imagination et au développement de la sensation.

       

         « Dès le matin, la tête encore tournée contre le mur et avant d'avoir vu, au dessus des grands rideaux de la fenêtre, de quelle nuance était la raie du jour, je savais déjà le temps qu'il faisait. Les premiers bruits de la rue me l'avaient appris, selon qu'ils me parvenaient amortis et déviés par l'humidité ou vibrants comme des flêches dans l'air résonnante et vide d'un matin spacieux, glacial, et pur; dès le roulement du premier tramway, j'avais entendu s'il était morfondu dans la pluie ou en partance pour l'azur.

        Et peut-être ces bruits avaient-ils été devancés eux mêmes par quelque émanation plus rapide et plus pénétrante qui, glissée au travers de mon sommeil, y répandait une tristesse annonciatrice de la neige ou y faisait entonner à certain petit personnage intermittent de si nombreux cantiques à la gloire du soleil que ceux-ci finissaient par amener pour moi, qui encore endormi commençais à sourire, et dont les paupières closes se préparaient à être éblouies, un étourdissant réveil en musique. »


 

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J
<br /> cette description des sensations, toujours très à propos, me renvoie ce matin à un réveil dans l'île de Ré, il y a 20 ans à présent : le rythme régulier des pas d'un cheval dans la rue de Ste<br /> Marie... je croyais être à une autre époque, celle des quichenottes et de Pépaul, le bourrelier !<br /> Proust ? trop fort !<br /> <br /> <br />
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