Marcher derrière Charlie...
Marcher, du même pas que les autres, avec le même regard et le même équipage. Se tenir debout, bien droit, sentir ses jambes et ses talons. Tourner le dos, laisser l’ombre s’en aller, regarder vers l’horizon. Marcher... Avoir du vent dans les semelles et des vers dans la tête. S’en aller loin, bien loin, avec Rimbaud. Ecraser la boue de la barbarie, le gravier des fanatismes, marcher dans les Lumières. Marcher avec Montesquieu, avec Voltaire, avec Rousseau : quand on marche, on pactise ! « La marche a quelque chose qui anime et avive les idées : je ne puis presque penser quand je reste en place; il faut que mon corps soit en branle pour y mettre mon esprit ». Marcher, sous le feu des pensées et parmi les penseurs. Marcher avec Montaigne, dans l’espace de la « librairie », « mes pensées dorment si je les assis, mon esprit ne va si les jambes ne l’agitent ». Marcher avec Rabelais, Camus, Zola et Victor Hugo. Marcher dans les rayons des livres et les rayons du soleil. Marcher, et ne regarder ni l’or du soir qui tombe, ni les voiles au loin... Marcher avec Arthur vers l’Orient, avec Théodore, dans le désert, marcher avec Kérouac sur le goudron, dans les villes et dans les rues. Marcher la mine grave. Marcher, tirer sur tous les tendons de l’esprit, monter sur la pointe des stylos et sur la mine des crayons. Dessiner dans le ciel la forme des nuages. Ouvrir au beau milieu de la voie lactée, une voix Charlie. Et toutes les étoiles suivent Charlie.