Episode 7 : « Jivaro song »
Tout commence par une petite dose d’effroi dans cette chanson.
« Je t’en prie, jivaro, vide vide mon cerveau, je t’en prie Jivaro, réduis ma tête à zéro ».
Plongée du côté d’une « Forêt d’émeraude » façon John Boorman pour se détourner du ciné, de la télé et même du LSD ! « Tristes tropiques » de la modernité galopante ! Avec Roda Gil, on a envie de faire marche arrière, de s’ensauvager avec Jean-Jacques Rousseau, Claude Lévi Strauss et Michel Tournier. Et, sans LSD, ça cogne dans ta cage thoracique et dans ton crâne, cette envie d’élargir les limites de tes arcades sourcilières et de tout plaquer.
Pas très bien dans ta peau aussi. Envie de muter, « comme un bernard l’ermite qui se souvient d’anciens palais », envie de changer de peau… « Cœur coquille vide, pris dans d’opulents lichens mous »…C’est un peu ton tour de passer ta « saison en enfer »… « L’air marin me brulera les poumons, les climats perdus me tanneront. » Quelque chose qui vient du fond du crâne tape et résonne. Arpèges de violon, rythme obsédant du métronome…
« Que j’échappe enfin aux femmes, à l’alcool et aux tripots, je t’en prie, Jivaro… »
Partir loin, très loin, « parmi les Indiens bleus, les lianes enchevêtrées », trouver son avatar, sa tête réduite à zéro, mais toujours pensante.
Il y a en même temps dans la musique de « Jivaro song », dans l’entrainement qu’elle peut donner un soir de concert comme une petite transe cruelle, une transe qui comporte une bonne dose de jubilation et d’autodestruction. « Je vais exploser bientôt, sous le poids de la vie, de ma femme, de mon auto » ! Plus tard, Julien Clerc chantera le « nouveau big bang ». Menace sur tout le répertoire ? « Je t’en prie Jivaro, réduis le texte à zéro ».
Mais s’il n’y avait plus qu’un mot, ce serait « Jivaro ! »
Julien Clerc, variétés françaises