Le chant de l’arbre amazonien
J’étais un bel arbre tout chargé d’oxygène et de lumière
Je ne suis plus qu’un bûcher de carbone et de nuit.
Mes racines à l’aube plongeaient dans l’argent des rivières,
Mes ramures brillaient de l’or du crépuscule.
J’étais un bel arbre tout chargé d’oxygène et de lumière
Je ne suis plus qu’un bûcher de carbone et de nuit.
Sous mon tamis de feuilles, je filtrais la fraîcheur et la vie.
Les Indiens m’adoraient, les enfants se doraient à ma sève.
Animaux, muses et cabanes grimpaient à mon tronc,
Secouaient les essences, les mines et les dessins.
Mais les chercheurs d’or, les faiseurs de feu ont brûlé mes branches,
Les marchands de soja ont soufflé dans mes bronches.
Et je souffre et je sue, je saigne et me recroqueville.
Le soleil cuisant sur mon front est une vrille.
J’ai du mal à respirer, j’ai du mal à souffler.
Mes lumières pépites ne coulent plus en filon.
Je vais sans doute être opéré. Négligence des humains, et mauvais soin !
Je n’aurai plus qu’un poumon dans mon écrin :
« Ablation du poumon vert » disent vos médecins.
Ma forêt redoute l’éventail de vos mains.