Francis Lepioufle : « Zéphyr sur le monde » et « Zéphyr sur le texte »
On n’a jamais fini d’étreindre la Poésie lorsqu’on est écrivain. Elle se tend à l’horizon des mots et du texte, elle une ligne, une marge et une voile, elle surplombe tous les thèmes et les fait avancer par tribord ou bâbord…
Chez Francis Lepioufle, il y a toujours eu ce tropisme vers la Poésie, réalisé notamment dans un précédent recueil intitulé : « C’est-à-dire » (La Roche de Trémuzon, 2012). Entre temps, beaucoup de voyages, de chemins, de mémoires ont nourri son inspiration toujours marquée par une curiosité pour le langage et une façon particulière de chanter le monde en le mettant en relation avec les autres.
Dans son dernier recueil, « Le Zéphyr du monde », il mêle à la chaleur des mots, la douceur de ses aquarelles et adresse un message « à toutes les femmes qu’on aime pendant quelques instants secrets ». Par le biais d’Antoine Pol, Brassens avait, après Baudelaire et avant Roda-Gil célébré « les passantes » qui éblouissent la rue, les « fleurs des gares » qui illuminent les quais, les « filles de la véranda » qu’on ne voit qu’une fois.
Le thème est beau, inépuisable… En suivant le fil de cette inspiration et l’haleine de ce zéphyr, le poète emballé se retourne, tord le cou et tord les mots quand il capté la sensualité d’une passante… Du creux de ces figures éphémères se lève un vertige et tout un monde : des « jupes de chair veloutée », « une voix lactée », « un jardin parfumé » et toute la nature en fête… Le souffle troublant, capiteux guide le capitaine et son « navire à la rame vespéral », en fait tanguer les bords à « la commissure des vers » et lui donne à la fois l’audace et « le plaisir d’ôter bientôt toute garniture au texte » pour l’offrir au lecteur moussaillon.