« En lisant, en écrivant »… (Dosette de lecture n°33). Olivier Rolin : « Le Météorologue ».
Comment Staline a-t-il traité ces intellectuels dévoués qui, avec ferveur, étaient prêts à participer à la construction de « l’âge socialiste » » et à la victoire du prolétariat ? C’est la question que se pose avec sa causticité habituelle le romancier Olivier Rolin.
Son personnage de météorologue, Alexeï Féodossievitch Vangengheim, a bien existé et, dans les années 30, il conçoit le projet immense de prendre le pouls de la géante Russie et de lui appliquer sur le poil une immense toile de prévision météorologique… Mais attention ! Il faut pour le régime que son action ait un intérêt économique mesurable à la qualité et à la quantité des récoltes : au bout de la toile, l’Araignée veille et tisse un réseau de suspicions contre toute petite bête trop ailée ou zélée.
Comme le signale Rolin qui annonce d’emblée le destin tragique de son héros : « la chose se fait en douce », un peu à la manière du livre tout entier. Il y a en effet une dimension shakespearienne dans ce récit. Pas de pitié pour le météorologue, originaire d’Ukraine. « Voici venu l’hiver du mécontentement… » Accusé de « sabotage », il est envoyé dans l’archipel des Solovski proche du cercle arctique, dans un camp de « rééducation par le travail » où se prépare « le printemps des nations ». Et c’est « une histoire racontée par un idiot » dont le romancier suit alors l’absurde et effrayante logique.