« En lisant, en écrivant »… (Dosette n°41) Olivier Rolin : « Vider les lieux »
Comment quitter un lieu où on a vécu longtemps, très longtemps ? Bref comment « déménager » et plus violemment « vider les lieux » puisque c’est la situation dans laquelle se trouve l’auteur Olivier Rolin quand on lui demande de partir de son appartement parisien en pleine crise sanitaire.
L’écrivain voyageur qui a laissé une grande partie de sa vie dans cette habitation de la rue de l’Odéon se retrouve confronté à tous ces objets qu’il avait accumulés et dont la plupart ont un sens intime, à tous ces livres ramenés de son « extérieur monde », à ces pages qu’il a feuilletées ou dévorées dans les trains, les bateaux, les avions, les hôtels. « Hantés » sous les plissures du Souvenir, tous se mettent à rechigner, à s’accrocher, à résister…
Avec le lecteur, dans ce livre expérimental, l’auteur plonge dans le passé, palme parmi les rangées de livres corail, les bulles d’information, flux et reflux. La métaphore marine est chère à l’enfant de St Nazaire et de Penhoët, tout autant que cette lame de fond de références littéraires qui remontent toujours sous son écriture tandis qu’un Présent kafkaïen cogne à la porte et le somme de déguerpir en plein confinement.
Et voilà que le vieil appartement s’indigne, le retient, le rappelle : debout, guidant le peuple et l’écrivain depuis avant 89, il a lui-même accumulé la poussière du Temps et il grince, et il tremble et il secoue sa bannière.