Le « play-boy » des années 80. Celui qui nous amenait à
bord de sa voiture vibrante de musique, celui qui se promenait en slip de bain blanc sur son élégant vélo blanc et qui, à l’occasion, tenait le magasin de
céramique de son père, celui qui, je l’ai su plus tard par Gaetano, s’est acheté une grosse moto Honda, a créé en Italie du Nord une entreprise de
bronzage pour « bronzer tout Milan », celui qui ne rêvait que Suédoises et Norvégiennes (« les panthères suédoises du Ponton… ), celui qui nous sortait de notre
tente miteuse pour nous entraîner à Cefalù ou à Capo d’Orlando, à la discothèque le « Sombrero »…
Celui-là m’est tombé dans les bras le jour de Pâques... Les Italiens sont
toujours très démonstratifs et c’est chose commune pour les hommes de se donner l’accolade et de se promener bras dessus bras dessous. Nino m’a présenté à sa femme, à ses deux
fils. Il est devenu instituteur et possède en même temps deux magasins exotiques.
Ce redoutable Casanovatient maintenant des discours enflammés
(devant son épouse) sur les mérites de la fidélité et de la famille « car la vie est si brève que l’homme a besoin d’un équilibre… C’est ce dont il faut convaincre les jeunes. Les élèves
écoutent quand tu leur parles de ça. Ils m’écoutront quand je leur dirai que mon ami Erico est venu me retrouver vingt ans plus tard. Je ne sais pas si c’est la Providence, mais il y a un Dieu,
ça ne peut être autrement. Qu’est-ce que tu en penses Erico ? Fort accent sicilien… » Il a toujours été bavard. Mais son petit filet de voix n’a pas changé, et
j’entends encore, derrière le discours apostolique, la voix de celui qui s’excitait à la moindre casquette allemande, norvégienne, suédoise ou américaine et qui faisait de chaque
jour une fête de la drague. « Le camping, c’est la jungle ».
Littérature, écriture et voyage. Comment la lecture et le voyage nourrissent-ils la pensée et suscitent-ils, en même temps que le plaisir, la curiosité, l'écriture ?
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